La musique américaine perd une de ses plus grandes figures. Roberta Flack, l’illustre chanteuse soul et R&B, s’est éteinte le 24 février 2025 à l’âge de 88 ans, après avoir marqué les générations avec sa voix émotive et ses compositions inoubliables. Entourée de sa famille, elle s’est éteinte paisiblement, laissant derrière elle une trace indélébile dans le monde de la musique.
Née le 10 février 1937 à Black Mountain, en Caroline du Nord, Roberta Flack a grandi dans une atmosphère musicale, nourrie par ses parents, musiciens de talent. Sa mère, organiste d’église, et son père, pianiste et harmoniciste, lui ont transmis l’amour de la musique. Dès son plus jeune âge, elle révèle un talent exceptionnel et commence à jouer du piano à 9 ans, poursuivant ses études musicales à l’Université Howard de Washington, où elle décroche une bourse d’études à seulement 15 ans.
Le tournant de sa carrière survient en 1971, lorsqu’une de ses chansons, “The First Time Ever I Saw Your Face”, est choisie par Clint Eastwood pour son film Play Misty for Me. Le morceau devient un immense succès, propulsant Flack au sommet des charts et lui offrant un Grammy Award en 1973. Cette chanson est aujourd’hui considérée comme l’un des plus grands classiques de la musique soul. “C’était comme si la musique m’avait trouvé,” confiait-elle souvent en parlant de ce moment magique.
Dans les années suivantes, Roberta Flack continue de séduire le public avec des titres comme “Killing Me Softly with His Song”, une ballade qui l’installe définitivement dans le panthéon des grandes voix de la musique américaine. “C’est un honneur de chanter cette chanson, car elle touche une corde sensible en chacun de nous,” disait-elle souvent, rappelant l’intemporalité de son œuvre.
Sa collaboration avec Donny Hathaway, notamment dans “Where Is the Love”, et avec Peabo Bryson dans “The Closer I Get to You”, devient le symbole d’une alchimie musicale parfaite. Ses duos sont devenus des classiques, des hymnes de l’amour et de l’humanité. “Avec Donny, il y avait une telle connexion, chaque note que nous chantions était une conversation entre deux âmes,” expliquait-elle.
Roberta Flack n’était pas seulement une chanteuse, mais aussi une militante engagée, qui utilisait sa musique pour aborder des questions sociales et politiques. “La musique est le langage de l’âme, et c’est par elle que l’on peut changer le monde,” déclarait-elle. Son œuvre a inspiré des générations d’artistes et a contribué à façonner la musique soul des années 70. Elle a toujours tenu à transmettre son message de paix et d’unité. “Ma musique n’est pas juste pour être écoutée, elle est là pour éveiller les consciences,” disait-elle.
Les spécialistes contemporains de la musique s’accordent à dire que Roberta Flack était bien plus qu’une simple interprète. Quincy Jones, producteur légendaire, la qualifiait de “voix la plus pure et la plus authentique de son époque”, tandis que Ahmet Ertegun, le co-fondateur d’Atlantic Records, disait : “Sa capacité à capturer l’émotion humaine à travers chaque note la place parmi les plus grandes artistes de l’histoire.” Le musicologue David Hadju, auteur de Love for Sale: The Words and Music of John Kander, Fred Ebb, and Their Broadway Musicals, ajoutait : “Son chant transcende la simple interprétation vocale. Elle chantait comme si elle racontait une histoire qui n’appartenait qu’à elle, mais qu’on reconnaissait tous.”
En 2022, Roberta annonce publiquement être atteinte de la maladie de Charcot, une affection neurodégénérative qui a affecté sa capacité à chanter et à parler. Malgré les difficultés physiques, elle a continué de se battre pour son héritage musical, touchant les cœurs par son courage et sa persévérance. “La musique, même dans le silence, continue de parler au cœur,” disait-elle avec sérénité dans ses dernières années. Elle a continué à inspirer le monde avec sa dignité, et chaque apparition publique était un acte de courage.
Son engagement envers l’humanité était tel que de nombreux intellectuels et artistes ont salué sa contribution à la culture mondiale. Toni Morrison, l’auteure lauréate du prix Nobel, avait écrit dans une lettre personnelle à Roberta : “Votre musique n’est pas simplement de l’art. Elle est la voix de l’histoire, un témoignage de résistance, d’amour et de beauté.”
Roberta Flack laisse un héritage immense, une collection de chansons qui, à travers les âges, continuera d’émouvoir les âmes et de faire vibrer les cœurs. Sa voix unique, son talent inégalé et sa sagesse musicale resteront à jamais gravés dans la mémoire collective. Comme l’a exprimé Beyoncé en hommage : “Roberta Flack n’a pas seulement chanté des chansons, elle a écrit l’histoire de l’âme.”
Et dans cette histoire, Roberta Flack occupe une place à part. Non seulement sa voix, d’une douceur irrésistible, restera gravée dans les mémoires, mais ses paroles, empreintes de vérité, d’amour et de sagesse, continueront de résonner dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de l’écouter. “Ma musique est ma vérité, et je la partage avec le monde,” disait-elle avec conviction. Son héritage, éternel et inaltéré, persistera à travers chaque note, chaque parole qu’elle a laissée derrière elle.
Ainsi, même si elle est partie, sa musique demeure, intemporelle et éternelle. Elle nous a laissés, mais son esprit, son art et son amour resteront à jamais avec nous. “Elle a offert au monde un don de beauté pure et d’émotion authentique, et c’est pour cela que son nom restera à jamais gravé dans l’histoire,” conclut Aretha Franklin.
“Elle n’est pas partie, elle est simplement devenue une partie du vent, du ciel et des étoiles,” dira encore Stevie Wonder, en la qualifiant de “l’âme de la musique noire”. Pour nous tous, elle restera à jamais une voix qui parle directement au cœur de l’humanité.
Imam chroniqueur Babacar DIOP
