Les travaux de la phase 2 du projet d’autoroute Yaoundé-Douala sont à l’arrêt depuis novembre 2024, selon le ministère des Travaux publics (Mintp). Sur les 28 premiers kilomètres, l’entreprise Cl’exécution du projet, fait face à des contestations des riverains, qui réclament le paiement des indemnisation a-t-on appris.
Les travaux de déforestage paralysés sont pourtant cruciaux pour libérer l’espace destiné à la chaussée et aux infrastructures associées, tout en garantissant l’accès aux chantiers et la sécurité des opérations.
Pour tenter de désamorcer la crise, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, s’est rendu le 14 février 2025 à Bibodi, dans le département du Nyong-et-Kellé (région du Centre). Sur place, il a rencontré les populations concernées par la phase 2 du projet.
Lors des échanges, les riverains ont exprimé leurs préoccupations sur l’évaluation et la compensation des dommages. Ils exigent le paiement effectif des indemnisations avant toute reprise des travaux.
Le ministre a tenu à les rassurer en affirmant qu’aucun bien ne serait détruit sans indemnisation préalable. Il a également exhorté les populations à soutenir le projet, en insistant sur les bénéfices socio-économiques que l’autoroute apportera aux localités traversées.
Pour répondre aux préoccupations des riverains, le ministre a annoncé la création d’une commission de suivi local, placée sous l’autorité du préfet, et composée de représentants des personnes touchées par le projet. Il a précisé qu’il avait observé qu’il n’y avait « pas d’importantes habitations » à libérer sur les premiers kilomètres.
En conséquence, il a proposé de libérer d’abord une première portion de terrain comprise entre 2 et 5 km sur largeurs de 200 m. pour permettre le démarrage des travaux.
Le Mintp s’est engagé à mobiliser le volume de ressources nécessaires pour indemniser les biens impactés sur ce tracé. “C’est la condition que les populations ont posée pour adhérer au projet », a-t-il déclaré, en ajoutant qu’il est « hors de question d’engager un bras de fer violent avec les populations riveraines ».
Un comité local de suivi a été mis sur pied à cet effet sous la présidence du préfet avec la participation des représentants des riverains. L’entreprise Cfhec a, quant à elle, affirmé qu’elle serait prête à reprendre les activités dès que l’obstacle lié aux indemnisations sera levé.
« Emprise utile »
Lors d’une précédente rencontre avec les représentants des personnes touchées en janvier 2025 à Yaoundé, Emmanuel Nganou Djoumessi avait déjà évoqué la question des indemnisations.
Il avait précisé qu’il ne serait pas possible de régler l’intégralité des compensations avant le démarrage effectif des travaux de la phase 2 de l’autoroute Yaoundé-Douala. Cependant, il avait annoncé qu’une « emprise utile » serait définie pour démarrer les travaux. Cette emprise utile réduit la zone à libérer de 200m à 100m.
Le ministre a également rassuré les riverains concernés qu’ils ne seraient pas expulsés avant d’avoir été indemnisés. L’entreprise Cfhec a exprimé son intention d’anticiper les paiements afin d’éviter tout nouveau retard.
La gestion des indemnisations a en effet été un point de friction majeur lors de la phase 1 du projet, avec des blocages répétés dus au non-paiement des compensations.
Emmanuel Nganou Djoumessi dit avoir mis en place des mesures pour éviter que ces retards ne compromettent à nouveau la progression des travaux de la phase 2. Lors du lancement de cette phase en octobre 2024, il avait annoncé que les indemnisations seraient payées par anticipation, afin de garantir un démarrage sans encombre.
Bien que le montant exact des indemnisations et le nombre de bénéficiaires restent encore à préciser, une première liste des personnes à indemniser a été publiée pour permettre aux populations de signaler d’éventuelles omissions. La liste définitive des personnes à indemniser n’a pas encore été rendue publique.
Selon le ministère des Travaux publics, le coût total de la phase 2 du projet est estimé à près de 880 milliards de FCFA. Le projet est divisé en cinq tronçons : Bibodi-Bodmon (39,5 km), Bodmon-Edéa Est (34 km), Edéa Est-Edéa Ouest (30 km), Edéa Ouest-Pitti gare (18 km) et Pitti gare-Massoumbou (19,5 km).
Les travaux doivent être achevés dans un délai de 36 mois, sous réserve de la réunion de toutes les conditions nécessaires. Il est important de noter qu’après quatre avenants, la première phase de l’autoroute, lancée en octobre 2014, aura duré plus de huit ans et coûté près de 350 milliards de FCFA, bien au-delà du marché initial de 284 milliards de FCFA.