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Cameroun: Mission mouvementée du SGPR à l’Extrême Nord

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C’est une visite qu’il n’oubliera pas d’aussi tôt. Le Secrétaire général à la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh a soufflé le chaud et le froid lors de sa mission auprès de la population des localités de Yagoua, Kousseri et Maga dans la région de l’extrême nord. Mécontents ces derniers pour faire entendre leurs plaintes ont obligés l’envoyé du Président Paul Biya a passer une journée de plus avec eux.

Ferdinand Ngoh Ngoh a quitté Maroua hier dimanche 16 février 2025 dans la matinée. Sur le tarmac de l’aéroport, il rassure les barons du régime de la région de l’Extrême-Nord venus le raccompagner : « J’ai entendu, j’ai vu ». 

Entre deux rires, le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) promet de transmettre au président Paul Biya toutes les doléances des populations qu’il a lui-même entendu et vu pendant cette visite de terrain de deux jours. « Soyez sûr que je vais lui transmettre tout ce que vous m’avez dit », confie Ferdinand Ngoh Ngoh à ses hôtes avant de regagner Yaoundé.

C’est sans doute ce tableau idyllique que ce proche collaborateur de Paul Biya souhaite que l’opinion retienne de sa mission dans l’Extrême-Nord.

Selon des personnes proches de cette mission, Ferdinand Ngoh Ngoh, arrivé à Maroua le 15 février par avion, avait prévu de visiter les localités de Yagoua, de Maga et de Kousseri par hélicoptère à la demande de Paul Biya.

La particularité de ces trois villes du septentrion est qu’elles ont payé le prix fort des inondations l’année dernière. Si les deux premières étapes se sont déroulées sans anicroches, il n’en est pas de même de celle de Kousseri, dans le département du Logone-et-Chari.

À en croire des sources locales, les élus locaux du Logone-et-Chari ont obligé Ferdinand Ngoh Ngoh a passé la nuit à Kousseri pour l’obliger à entendre leurs doléances.

De nombreuses vidéos amateurs montrent justement des hommes en colère, qui veulent dissuader le SGPR de remonter dans l’hélicoptère censé le ramener à Maroua.

Il va finalement passer la nuit à Kousseri. Pendant de longues heures, il a reçu les élus, les chefs traditionnels et les responsables du dispositif de sécurité dans cette zone proche de la frontière avec le Tchad voisin, comme le confirment les mêmes sources.

C’est par contre cet incident de Kousseri qui a le plus été médiatisé et commenté par la chronique populaire. Dans l’opposition, ils sont nombreux à parler du début du désagrégement du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, à quelques mois de la prochaine élection présidentielle, prévue en octobre prochain.

Les tenants de cette thèse pensent que la population de Kousseri est vraiment remontée contre le régime de Yaoundé. Et cette colère est le témoin d’une situation collective dans toute la région de l’Extrême-Nord, qui vote majoritairement pour Paul Biya.

Parfait Mbvoum, un ancien cadre du Social Democratic Front (SDF), veut croire que ce qui s’est passé à Kousseri est le début de la fin pour le régime de Paul Biya.

Sauf que Ferdinand Ngoh Ngoh s’est empressé de tordre le cou à cette perception. En quittant Maroua, il a aussi indiqué qu’il compte rassurer le président qu’il continue d’avoir le soutien politique de l’Extrême-Nord.

Il en veut sans doute pour preuve que les élus du Logone-et-Chari ont pris la parole pour regretter ce qui s’est passé à Kousseri en assurant à Paul Biya un vote de 100 % en octobre prochain, bien que le locataire du palais d’Etoudi n’a pas encore formellement fait acte de candidature.

Un habitué des cercles du pouvoir regrette toute cette controverse autour de la mission de Ferdinand Ngoh Ngoh dans la région de l’Extrême-Nord. Surtout que cette mission a pris les dehors d’une campagne électorale avant l’heure. 

« Le SGPR n’est pas un homme politique, mais plutôt un homme d’État », soutient ce dernier. « Dans les usages, le SGPR fait des descentes officieuses et discrète pour le compte du président. Il dresse ensuite un rapport à l’attention du président. Ensuite, ce dernier peut descendre lui-même sur le terrain, ce que Paul Biya ne fait jamais, ou alors envoyer le Premier ministre… », explique notre source.

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