
Les coupures d’énergie électrique sont devenues un quotidien pour de nombreux Camerounais, tant en milieu urbain qu’en milieu rural. À Yaoundé et Douala, des quartiers sont plongés dans le noir pendant des périodes pouvant dépasser une journée.
Face à cette situation, la population s’interroge : avec le barrage de Nachtigal (420 MW) qui est censé atténuer ces délestages, pourquoi la situation ne s’améliore-t-elle pas ?Un Contexte DifficileLa réalité est que le manque d’énergie électrique résulte d’une combinaison complexe de facteurs. Selon une enquête approfondie menée auprès des principaux acteurs du secteur, comme EDC, Sonatrel, Eneo et Globeleq, plusieurs raisons expliquent ces coupures.Changements Climatiques et Déficits de ProductionPremièrement, le Cameroun subit les conséquences des changements climatiques.
Une saison sèche prématurée a considérablement réduit les niveaux d’eau dans les réservoirs des barrages, notamment celui de Lompangar. Cette situation a entraîné une baisse de la production électrique de l’ordre de 20% sur des sites clés comme Nachtigal, Songloulou et Edéa. À Memve’ele, la situation est encore plus alarmante : la production est tombée de 211 MW à seulement 35 MW durant la journée, et environ 100 MW le soir.
De plus, la société britannique Globeleq, qui gère plus de 300 MW de capacités installées au Cameroun, a été contrainte d’arrêter ses centrales à gaz de Kribi et thermique de Dibamba en raison de dettes impayées s’élevant à plus de 130 milliards de FCFA.La Crise d’EneoLe problème ne s’arrête pas là. Eneo, le distributeur d’électricité, fait face à des difficultés financières majeures, avec une dette d’environ 100 milliards de FCFA envers l’État.
Ce dernier, en proie à des tensions de trésorerie, a proposé un mécanisme de compensation que Eneo refuse. Ce refus est d’autant plus préoccupant que la société doit également des sommes conséquentes à d’autres entités, comme Sonatrel et EDC.La complexité de cette situation se reflète dans les défis que rencontre le réseau de transport et de distribution d’électricité au Cameroun. Malgré la mise en service progressive du barrage de Nachtigal, le pays continue de faire face à des contraintes de production, affichant un déficit d’environ 100 MW.
Quelles Solutions ?Pour sortir de cette impasse, il est impératif que les acteurs du secteur collaborent. Une réforme des mécanismes de paiement et une meilleure gestion des ressources hydrauliques sont essentielles. Les gouvernements et les entreprises doivent travailler de concert pour garantir un approvisionnement électrique fiable et durable.En conclusion, les coupures d’énergie électrique au Cameroun sont le reflet d’un système en crise, où les changements climatiques, les problèmes de gestion et les dettes impayées se conjuguent pour créer un tableau alarmant. Il est temps d’agir pour préserver l’avenir énergétique du pays et assurer le bien-être de ses citoyens.
Celine Ambassa