
Le monde du sport burkinabè est plongé dans la tristesse et le recueillement. Abdoulaye Pagnagdé Balima, ancien champion de boxe et figure emblématique du sport national, a tiré sa révérence ce lundi 10 mars 2025, à l’âge de 108 ans. Cette disparition marque la fin d’une ère pour la boxe au Burkina Faso, une discipline qu’il a contribué à faire rayonner à l’échelle internationale.
Né en 1917 à Ouagadougou, Abdoulaye Balima a été l’un des pionniers de la boxe dans son pays. Dans les années 1960, alors que le Burkina Faso était encore un territoire sous domination coloniale, il a su s’imposer comme un combattant hors pair, jouant un rôle central dans le développement de ce sport au niveau national. C’est lors des Jeux de la Communauté Française à Madagascar en 1960 que Balima est devenu une légende vivante en remportant la première médaille continentale du pays : une médaille de bronze.
Ce triomphe marquait un tournant pour le sport burkinabè, qui, jusqu’alors, peinait à se faire une place sur la scène internationale. Grâce à son talent et à son engagement, Abdoulaye Pagnagdé Balima a ouvert la voie à de nombreux boxeurs burkinabè, inspirant plusieurs générations de sportifs à poursuivre l’excellence dans cette discipline.
Au-delà de ses performances sportives, Balima s’est également distingué par son rôle de formateur. Après sa carrière de boxeur, il a mis son expérience et son savoir-faire au service de la jeunesse, en formant de nombreux jeunes boxeurs à travers tout le pays. Son héritage perdure aujourd’hui dans les salles d’entraînement où son nom est respecté et son parcours, une source d’inspiration.
Les témoignages affluent de partout, soulignant la grandeur de l’homme tant sur le plan sportif que personnel. « Abdoulaye Balima n’était pas qu’un boxeur, c’était un homme de cœur, généreux et toujours prêt à donner des conseils », se souvient un de ses anciens élèves, aujourd’hui entraîneur de boxe. Ce sentiment est partagé par de nombreux autres anciens boxeurs qui ont été formés sous sa houlette, et qui le considèrent comme un mentor inégalé.
Dans une interview accordée en 2015, à l’occasion du 55e anniversaire de sa médaille, il déclarait : « La boxe m’a offert bien plus qu’un simple titre, elle m’a permis de servir mon pays, d’enseigner aux autres et de faire rayonner notre nom à l’international. » Un témoignage de son profond amour pour le Burkina Faso et sa volonté de transmettre son savoir.
La fédération burkinabè de boxe a exprimé sa profonde tristesse à l’annonce de sa disparition. Dans un communiqué, elle a salué sa contribution inestimable à la promotion de la boxe dans le pays. « Abdoulaye Pagnagdé Balima restera pour toujours dans nos cœurs comme le père fondateur de la boxe burkinabè. Sa passion, son dévouement et son sens du leadership ont marqué l’histoire du sport national. Nous lui rendons hommage pour l’immense héritage qu’il a laissé. »
Le ministre des Sports, lors d’une allocution ce lundi, a également exprimé ses condoléances à la famille du défunt, soulignant que « son décès est une perte irremplaçable pour le sport burkinabè, mais aussi pour l’ensemble du peuple burkinabè qui voit en lui un héros national ». Un hommage unanime a été rendu à l’homme qui incarna l’esprit de la boxe, avec sa discipline, sa ténacité et son humilité.
Abdoulaye Pagnagdé Balima a laissé derrière lui une carrière exemplaire, ponctuée de nombreuses victoires et distinctions. Sa légende perdurera, non seulement à travers ses exploits sportifs, mais aussi par l’impact qu’il a eu sur le développement de la boxe au Burkina Faso. Plusieurs de ses anciens protégés ont, depuis lors, continué de briller sur les rings nationaux et internationaux, à l’image de Mohammed Bango et de Bernard Ouedraogo, qui citent Balima comme leur source d’inspiration et de motivation.
Dans un dernier hommage, la ville de Ouagadougou, où il résidait depuis des décennies, s’apprête à ériger une plaque commémorative à son nom, afin de perpétuer la mémoire de ce grand homme du sport. Une cérémonie officielle est prévue ce vendredi, en présence des autorités politiques, des anciens boxeurs et des habitants venus rendre un dernier hommage à leur héros.
Le comité olympique burkinabè a également annoncé qu’une minute de silence serait observée lors de toutes les compétitions sportives du pays en hommage à l’illustre disparu. Les clubs de boxe à travers le Burkina Faso organiseront des matchs en son honneur, rappelant ainsi l’importance de l’héritage qu’il laisse derrière lui.
Paix à son âme. Ses obsèques se dérouleront ce samedi 15 mars 2025, à Ouagadougou, où des milliers de ses admirateurs et anciens élèves viendront lui rendre un dernier hommage. Que son souvenir inspire les jeunes générations, à l’image de celui qu’il a été : un champion sur le ring, un modèle hors du ring. Son départ laisse un vide immense, mais son héritage restera à jamais gravé dans l’histoire du sport burkinabè.
Imam chroniqueur Babacar DIOP