
Récemment, plusieurs affaires de vol impliquant des ressortissants sénégalais, en Italie comme au Sénégal, ont attiré l’attention du public. Ces incidents, bien que distincts, mettent en évidence des problématiques liées à la précarité sociale, à la sécurité des commerces et à la réponse judiciaire face aux délits.
Des faits divers révélateurs
En Italie, un Sénégalais de 39 ans a été arrêté pour le vol de vêtements d’une valeur de 800 euros dans un magasin Oviesse à Sambuceto. Après avoir utilisé la porte de secours pour s’enfuir, il a été intercepté par la police. Lors de son arrestation, un téléphone de dernière génération volé a également été retrouvé dans une voiture stationnée près du magasin. Les biens ont été restitués à leurs propriétaires.
Dans un autre cas, un Sénégalais de 34 ans, déjà condamné pour divers crimes, a été interpellé pour vol dans la province de Bergame. Multirécidiviste, il s’était installé à Vicence pour échapper aux autorités. À l’issue de son procès, il a été condamné à neuf mois de prison, assortis d’un ordre d’expulsion du territoire italien.
Au Sénégal, l’affaire de Fatou Thiaw, une femme de ménage, a également fait grand bruit. Condamnée à deux mois de prison ferme, elle a été reconnue coupable d’avoir volé à plusieurs reprises des produits dans un magasin Auchan situé à Mermoz, Dakar. Les caméras de surveillance l’ont confondue à six reprises, et elle a admis les faits devant le tribunal. Son complice présumé, un caissier, a cependant été relaxé faute de preuves suffisantes.
Les causes profondes : Précarité et exclusion sociale
Ces affaires soulèvent des interrogations sur les causes profondes de ces comportements délictueux. Selon le sociologue Mamadou Ndiaye, “les actes de vol sont souvent le symptôme de difficultés économiques et d’un manque de perspectives. Pour certains, l’isolement social et l’absence d’insertion professionnelle peuvent devenir un terreau favorable à la délinquance.”
Dans un contexte migratoire, les personnes issues de la diaspora peuvent être confrontées à des conditions de vie précaires, parfois amplifiées par des barrières administratives et un accès limité au marché du travail. Ces facteurs augmentent la vulnérabilité et peuvent, dans certains cas, conduire à des actes illégaux.
Une réponse judiciaire ferme mais contrastée
Face à ces infractions, les autorités adoptent une approche répressive. En Italie, la condamnation du multirécidiviste à neuf mois de prison avec une expulsion démontre la tolérance zéro appliquée aux étrangers ayant des antécédents judiciaires.
Au Sénégal, la décision de condamner Fatou Thiaw à deux mois de prison ferme illustre également la fermeté du système judiciaire, même pour des vols répétés de faible valeur.
Cependant, certains experts, comme l’anthropologue Aïssatou Diop, plaident pour une approche plus préventive : “Il est essentiel d’accompagner les personnes vulnérables à travers des programmes d’insertion socio-économique pour réduire le risque de récidive et favoriser la réhabilitation.”
Sécurité des commerces : Un enjeu majeur
Ces affaires mettent également en avant la nécessité de renforcer la sécurité dans les établissements commerciaux. De plus en plus de commerces s’équipent de caméras de surveillance et adoptent des mesures de contrôle accrues pour dissuader le vol.
Selon Ibrahima Diallo, expert en sécurité commerciale, “la technologie joue un rôle crucial dans la prévention du vol. Mais au-delà de la surveillance, il est crucial de travailler sur des actions de sensibilisation et de renforcer la coopération entre les forces de l’ordre et les commerçants.”
Conclusion : Vers un équilibre entre prévention et répression
Ces incidents soulignent la nécessité d’une approche équilibrée combinant prévention et répression. Si la fermeté judiciaire est essentielle pour garantir la sécurité, une réflexion approfondie sur les facteurs sociaux et économiques à l’origine de ces comportements est tout aussi cruciale.
Une meilleure coopération internationale et des politiques d’insertion pourraient contribuer à réduire les actes de délinquance et offrir des perspectives d’avenir plus stables aux populations les plus vulnérables.
Imam chroniqueur Babacar DIOP