Menu

Inondations en Afghanistan : Une Tragédie Annoncée Entre Catastrophe Naturelle et Défis Géopolitiques

Partager cet article
Inondations en Afghanistan : Une Tragédie Annoncée Entre Catastrophe Naturelle et Défis Géopolitiques

Les inondations dévastatrices qui frappent l’Afghanistan en 2024 ne sont pas simplement un malheur naturel : elles sont le reflet d’une crise plus vaste, une combinaison de facteurs environnementaux, géopolitiques et socio-économiques. Ces événements tragiques, de plus en plus fréquents, révèlent la vulnérabilité d’un pays déjà dévasté par des décennies de guerre, de négligence et d’une gouvernance fragile. Pour les spécialistes, ces catastrophes sont loin d’être une fatalité ; elles sont plutôt le produit d’un enchaînement complexe de causes structurelles et immédiates qui nécessitent une intervention globale et urgente.

Bilan humain et matériel : Une dévastation sans fin

Les inondations survenues en mai 2024 ont emporté près de 240 vies humaines, principalement dans les provinces de Baghlan, Takhar et Badakhshan. En plus de ces pertes humaines tragiques, des milliers de maisons ont été détruites, des terres agricoles ont été englouties et des centaines de têtes de bétail ont péri. « La situation est d’autant plus dramatique que la grande majorité des victimes étaient déjà dans des conditions précaires », indique le Dr. Faisal Khan, spécialiste des politiques de sécurité humaine en Asie centrale. Selon lui, « ces inondations viennent aggraver une situation déjà catastrophique, augmentant la pression sur les populations et les infrastructures locales déjà fragilisées ».

L’ONU, par le biais de son programme de secours, a estimé que près de 300 000 personnes étaient directement affectées par ces événements, dont une grande partie vit dans des camps de réfugiés et des zones de conflit. Cette instabilité, couplée à un manque chronique de ressources, a rendu difficile toute réponse efficace, malgré les efforts des organisations humanitaires internationales.

Causes profondes : Une combinaison de déforestation, de changement climatique et de guerre

Les causes des inondations en Afghanistan ne se limitent pas aux phénomènes météorologiques. En effet, la déforestation massive, largement imputable aux conflits prolongés, est l’un des principaux facteurs aggravants. « L’abattage illégal des forêts, couplé à la dégradation des sols et des systèmes de drainage, amplifie l’effet des pluies torrentielles », explique le Dr. Jamil Haidar, expert en gestion environnementale. Il ajoute que « chaque année, la situation se détériore davantage, exposant des milliers de familles aux risques d’inondation. »

De plus, le changement climatique mondial intensifie ces phénomènes. Les scientifiques, comme le climatologue Dr. Samira Hossain, alertent sur l’augmentation des phénomènes climatiques extrêmes en Afghanistan. « L’Afghanistan est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, car il combine une topographie montagneuse fragile, des conditions climatiques extrêmes et une forte dépendance à l’agriculture », explique-t-elle. Selon elle, « les inondations récurrentes, amplifiées par des pluies diluviennes, sont des signaux d’alarme pour une action mondiale immédiate ».

Réponses humanitaires : Des efforts insuffisants face à l’ampleur de la crise

La réponse humanitaire, bien que rapide, peine à suivre l’ampleur de la crise. Des organisations internationales, telles que l’UNICEF et l’OMS, se battent pour fournir des soins de santé, de l’eau potable et des vivres. Cependant, le professeur Mohammad Ali, spécialiste en gestion des catastrophes naturelles, souligne un problème majeur : « La crise humanitaire en Afghanistan est exacerbée par un manque de coordination et des ressources insuffisantes. De nombreuses régions rurales et éloignées sont laissées sans aide immédiate, ce qui retarde les efforts de récupération. »

Le manque d’infrastructures de prévention des catastrophes et le faible développement des systèmes d’alerte précoce aggravent encore la situation. « Pour qu’une réponse soit efficace, il faut une coopération régionale renforcée et une gestion centralisée des catastrophes », affirme le Dr. Ahmad Farid, expert en géopolitique et en gestion des risques. « Nous devons également développer des stratégies de prévention plus ambitieuses et intégrer des solutions de long terme, comme l’amélioration de la gestion des ressources naturelles et la résilience des infrastructures », ajoute-t-il.

Perspectives d’avenir : Construire une résilience face aux défis climatiques et géopolitiques

Les inondations en Afghanistan sont symptomatiques d’une crise globale plus vaste, où les défis environnementaux et géopolitiques sont intimement liés. « La restauration de la résilience des communautés afghanes ne peut se faire sans une action concertée à l’échelle locale, nationale et internationale », explique le professeur Javed Iqbal, expert en développement durable. Il souligne l’importance d’une approche systémique et intégrée : « Les efforts de reconstruction doivent inclure des politiques de reforestation, de conservation de l’eau et de gestion durable des sols. »

Les solutions passent également par la coopération régionale. « Il est crucial que l’Afghanistan travaille avec ses voisins pour mettre en place des infrastructures de drainage et de prévention des inondations. Un cadre régional de gestion des risques pourrait réduire de manière significative les pertes humaines et matérielles », affirme le Dr. Samira Hossain.

Enfin, un investissement dans des technologies modernes de prévision météorologique et un renforcement des systèmes d’alerte précoce pourraient faire toute la différence. « Le pays a besoin d’un plan d’action clair et coordonné pour se préparer aux événements climatiques extrêmes », conclut le Dr. Ahmed Shah, spécialiste en politiques publiques. « Sans une planification proactive, l’Afghanistan continuera de payer un lourd tribut à la fois au climat et à l’inaction humaine. »

En somme, les inondations en Afghanistan ne sont pas seulement une crise ponctuelle, mais le reflet d’une vulnérabilité chronique exacerbée par des années de guerre, de négligence et de mauvaise gestion. Pour que le pays puisse survivre et se reconstruire, il est impératif de changer d’approche et de penser la catastrophe sous l’angle de la prévention, de la durabilité et de la coopération régionale. Les experts s’accordent sur une seule idée : l’Afghanistan doit changer son paradigme de réponse pour éviter de nouvelles tragédies.

Imam chroniqueur Babacar DIOP

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci