L’essor des réseaux sociaux, en particulier TikTok, a profondément modifié nos modes de communication et de divertissement. Si cette plateforme est un excellent outil de relaxation et d’expression créative, son usage incontrôlé en milieu professionnel soulève de plus en plus de préoccupations dans les services publics. De nombreux fonctionnaires se laissent absorber par le scrolling infini, les challenges viraux ou encore la création de contenus, au détriment de leurs responsabilités administratives.
Ce phénomène, qui s’observe dans diverses administrations, engendre des conséquences directes sur l’efficacité du service public, la qualité du travail et l’expérience des usagers.
L’utilisation abusive de TikTok en pleine heure de service affecte le bon fonctionnement des administrations publiques de plusieurs manières :
1️⃣ Un temps de travail détourné
- Chaque minute passée à visionner ou enregistrer des vidéos est une minute perdue sur les tâches professionnelles.
- Ce comportement ralentit l’exécution des dossiers administratifs, provoquant des retards qui s’accumulent.
- Certains agents profitent des moments de faible supervision pour consacrer une partie significative de leur journée aux réseaux sociaux, réduisant leur rendement.
2️⃣ Un manque de professionnalisme évident
- L’image des services publics est ternie lorsque des vidéos sont capturées à l’intérieur des bureaux administratifs, avec parfois des documents officiels en arrière-plan ou des agents en uniforme se livrant à des activités inappropriées.
- Certains fonctionnaires n’hésitent pas à faire des lives ou des TikTok humoristiques en plein service, créant ainsi un climat de légèreté qui décrédibilise leur fonction.
- La publication de vidéos contenant des informations sensibles peut également exposer l’administration à des risques de sécurité et de confidentialité.
3️⃣ Une baisse alarmante de l’attention et de la concentration
- Le format ultra-court et captivant des vidéos TikTok réduit la capacité de concentration des utilisateurs.
- Un agent constamment interrompu par son téléphone met plus de temps à accomplir une tâche et augmente les risques d’erreurs (mauvaise saisie de données, erreurs administratives, mauvaise gestion des priorités, etc.).
- La distraction permanente affecte non seulement l’individu, mais aussi le travail collectif : des collègues sont parfois obligés de compenser la baisse de rendement de ceux qui passent trop de temps sur leur téléphone.
4️⃣ Détournement des ressources de l’État
- L’utilisation des connexions Internet des bureaux administratifs à des fins personnelles représente un manque à gagner pour l’État.
- Les équipements de l’administration (ordinateurs, imprimantes, bureaux, etc.) sont parfois utilisés pour éditer et diffuser du contenu TikTok, au lieu d’être exclusivement réservés aux missions de service public.
Le véritable impact de cette distraction numérique se fait ressentir chez les citoyens, qui sont souvent contraints de subir :
⚠️ Des lenteurs administratives :
- Un dossier qui devrait être traité en quelques minutes prend des heures voire des jours, car l’agent en charge est absorbé par son téléphone.
- Les usagers passent des heures dans les files d’attente, parfois pour une simple signature ou une validation de document.
⚠️ Des erreurs dans les dossiers :
- Une mauvaise saisie de données personnelles peut entraîner des complications majeures pour un citoyen (nom mal orthographié, erreur de numéro de carte, dossier mal classé, etc.).
- Une simple erreur administrative peut retarder des procédures importantes comme l’obtention d’un acte de naissance, d’un passeport ou d’un document fiscal.
⚠️ Un sentiment de frustration et de manque de sérieux :
- Les usagers se sentent délaissés lorsqu’ils constatent que les agents, censés les servir, préfèrent regarder TikTok au lieu de les recevoir.
- La confiance envers les services publics se détériore, car les citoyens perçoivent l’administration comme lente, inefficace et peu rigoureuse.
Face à ces dérives, il devient urgent de mettre en place des mécanismes de contrôle et de sensibilisation pour limiter l’impact négatif de TikTok et d’autres réseaux sociaux dans l’administration publique. Voici quelques solutions envisageables :
✅ Renforcer la sensibilisation des agents publics
- Mettre en place des campagnes de sensibilisation sur l’usage responsable des réseaux sociaux en milieu professionnel.
- Expliquer les conséquences réelles d’un manque de rigueur au travail (baisse de performance, sanctions, mécontentement des citoyens).
✅ Encadrer l’accès aux plateformes numériques
- Restreindre l’accès à TikTok et autres réseaux sociaux sur les connexions Internet des administrations.
- Implanter des logiciels de surveillance pour détecter les usages excessifs en pleine heure de service.
✅ Instaurer des règles strictes sur l’usage du téléphone en service
- Interdire l’utilisation des téléphones dans certains services stratégiques (accueil, gestion des dossiers sensibles, administration financière, etc.).
- Mettre en place des pauses réglementées où l’usage du téléphone est autorisé, sans affecter la productivité.
✅ Sanctionner les abus avérés
- Appliquer des avertissements et des sanctions disciplinaires aux agents dont l’usage excessif des réseaux sociaux affecte le travail.
- Évaluer la performance des fonctionnaires sur des critères de rigueur et de productivité.
✅ Encourager une culture de la discipline et de la performance
- Valoriser les agents performants et rigoureux dans leur travail.
- Promouvoir un esprit de responsabilité et d’engagement au service des citoyens.
L’administration publique doit s’adapter à l’ère du numérique, mais sans compromettre la rigueur et l’efficacité des services. Si les réseaux sociaux offrent des opportunités de modernisation et de communication, leur usage doit être strictement encadré pendant les heures de service.
Le service public est une mission de responsabilité et d’engagement envers les citoyens. Il est donc essentiel que chaque fonctionnaire reste concentré sur son devoir, afin de garantir un service administratif fiable, rapide et de qualité.
Jean-Marc Ashraf EDRON
