
Les réseaux sociaux, véritables carrefours d’échanges virtuels, sont devenus des outils incontournables pour les influenceurs africains. Mais à mesure que cette popularité grandit, une inquiétude s’installe : la recherche effrénée de likes semble souvent dicter le contenu publié, reléguant les messages éducatifs ou constructifs au second plan. Dans ce contexte, se pose une question cruciale : faut-il se conformer aux tendances superficielles pour exister dans cet univers digital ? Et surtout, quel avenir ces pratiques dessinent-elles pour l’Afrique ?
Avec l’augmentation du nombre d’utilisateurs de smartphones et l’accès croissant à Internet, les réseaux sociaux ont donné naissance à une nouvelle catégorie de leaders d’opinion : les influenceurs. Ces derniers, par leur créativité et leur proximité avec les internautes, ont le pouvoir de façonner les comportements et les aspirations de millions de jeunes Africains.
Cependant, l’objectif initial d’informer, de divertir ou d’éduquer est parfois éclipsé par la recherche du sensationnel. De nombreux influenceurs privilégient les contenus superficiels – tels que des photos provocantes ou des défis viraux – dans une quête de visibilité. Cette tendance soulève des inquiétudes quant à l’impact réel de ces figures publiques sur leurs communautés.
La majorité des publications des influenceurs africains est centrée sur l’exhibition de soi Beaucoup misent sur leur apparence physique pour attirer des followers, au détriment d’un message constructif), le matérialisme (la glorification des marques de luxe, des voyages hors de portée pour la majorité, et des modes de vie fastueux crée une déconnexion avec les réalités du continent), la quête de buzz (les contenus provocateurs et parfois choquants génèrent des réactions immédiates, mais laissent peu de place à la réflexion).

Ces messages contrastent avec le potentiel éducatif que ces plateformes pourraient exploiter. L’Afrique regorge de récits inspirants : des jeunes entrepreneurs, des défenseurs des droits humains ou encore des innovateurs dans des domaines comme la technologie ou l’agriculture. Pourtant, ces histoires restent marginalisées sur la scène numérique.
L’influence numérique actuelle pourrait avoir des répercussions profondes :
- Une jeunesse obsédée par le paraître : La priorité donnée à l’image risque de détourner les jeunes des valeurs telles que le travail, l’intégrité et la solidarité.
- Une perte de repères culturels : La valorisation de cultures étrangères ou superficielles pourrait conduire à un effacement progressif des identités africaines.
- Un déséquilibre économique : En encourageant un consumérisme déconnecté des réalités locales, ces contenus contribuent à exacerber les inégalités sociales.
Pourtant, tout n’est pas perdu. Certains influenceurs africains, conscients de leur rôle, utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir des valeurs positives. Ils sensibilisent sur des sujets cruciaux comme l’éducation, la santé, l’entrepreneuriat ou encore la préservation de la culture. Des figures comme Tayo Aina, qui met en avant le potentiel touristique de l’Afrique, ou Aya Chebbi, militante pour les droits des jeunes femmes, montrent que les réseaux sociaux peuvent être des plateformes de transformation sociale.
L’Afrique, avec sa jeunesse dynamique et ses ressources inestimables, peut transformer les réseaux sociaux en un levier de développement. Mais cela nécessite une prise de conscience collective : influenceurs, followers et décideurs doivent redéfinir l’usage de ces outils numériques pour les orienter vers des causes constructives. Alors, sommes-nous prêts à privilégier l’essence au paraître et à construire un héritage numérique qui inspire les générations futures ?
Jean-Marc Ashraf EDRON