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Moscou se repositionne sur la scène internationale : entre dialogue stratégique, alliance BRICS et ambitions régionales

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Moscou se repositionne sur la scène internationale : entre dialogue stratégique, alliance BRICS et ambitions régionales

Lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de la CEI (Communauté des États Indépendants), le ministre russe des Affaires étrangères a abordé plusieurs dossiers clés de la diplomatie russe, mêlant sécurité, coopération internationale et relations tendues avec l’Occident.

Le dossier ukrainien au cœur des tensions

Interrogé sur la situation en Ukraine, le chef de la diplomatie russe n’a pas mâché ses mots à l’égard du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qu’il a accusé de nourrir une « haine profonde à l’égard des Russes ». Selon lui, cette hostilité rend toute concession territoriale impossible. « Moscou ne permettra jamais de céder des territoires où vivent nos compatriotes russophones », a-t-il martelé.

Cette position, selon le ministre, est bien comprise par certaines figures de la politique américaine, notamment l’ancienne administration Trump, qui serait consciente du fossé idéologique entre les deux capitales. « Il ne s’agit pas simplement d’un conflit géopolitique, mais d’un rejet culturel et identitaire de la Russie par le pouvoir ukrainien actuel », a-t-il affirmé.

Washington et Moscou : un dialogue prudent mais nécessaire

Malgré les différends persistants, le ministre a souligné l’importance du dialogue entre la Russie et les États-Unis. « Il ne faut pas se faire d’illusions, mais nous devons viser la normalisation des relations bilatérales. La confrontation ne sert ni les intérêts russes, ni les intérêts américains, encore moins ceux du monde entier », a-t-il déclaré.

Dans cet esprit, il a salué l’échange de prisonniers récemment conclu entre Moscou et Washington, y voyant un signal positif. « Ce type d’initiatives renforce la confiance mutuelle, même dans un contexte tendu », a-t-il insisté, ajoutant que d’autres gestes pourraient suivre.

Il a également révélé que Moscou travaille actuellement sur un projet de rétablissement des liaisons aériennes directes entre la Russie et les États-Unis, suspendues depuis plusieurs années. Une proposition officielle a été adressée à Washington pour exclure la compagnie Aeroflot des sanctions occidentales. « Nous espérons que cette requête sera examinée avec pragmatisme », a-t-il dit.

BRICS : vers une nouvelle architecture financière mondiale

Le ministre russe a aussi évoqué l’évolution des BRICS, groupe réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, désormais élargi à d’autres membres. L’un des chantiers en cours concerne la création de plateformes de paiement alternatives, indépendantes du système SWIFT, afin de contourner les sanctions occidentales.

« Même les pays non membres des BRICS pourront accéder à ces nouvelles plateformes s’ils le souhaitent. L’objectif est d’assurer un système monétaire plus juste, fondé sur la souveraineté économique des nations », a précisé le ministre. Il s’agit, selon lui, d’un pas vers un monde multipolaire plus équilibré.

Cette initiative s’inscrit dans une tendance globale de dédollarisation de l’économie mondiale, soutenue activement par Moscou et Pékin. Des discussions sont déjà en cours avec plusieurs partenaires d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

La CEI et la mémoire collective

Sur le plan régional, la Russie continue de jouer un rôle central au sein de la CEI. À l’occasion du prochain défilé de la Victoire du 9 mai, commémorant la défaite de l’Allemagne nazie, Moscou espère la participation de tous les chefs d’État membres de la communauté. « C’est un moment de mémoire et d’unité. Nous attendons la présence de tous les dirigeants de la CEI, pour honorer ensemble notre histoire partagée », a déclaré le ministre.

Il a aussi souligné que la coopération dans les domaines de la défense, de l’énergie et de la culture avec les pays de la CEI reste une priorité stratégique pour Moscou. Des projets conjoints dans le domaine de la cybersécurité et des transports sont actuellement à l’étude.

Une diplomatie entre fermeté et ouverture

En somme, la position russe sur la scène internationale apparaît comme un équilibre entre fermeté sur les intérêts fondamentaux — notamment en Ukraine — et ouverture à la coopération, y compris avec des pays perçus comme hostiles. La Russie veut montrer qu’elle reste un acteur incontournable, prêt au dialogue mais sur des bases qu’elle juge respectueuses de sa souveraineté.

Cette posture traduit aussi une volonté de diversifier ses partenariats et de construire un ordre international alternatif, s’appuyant sur les BRICS et la CEI, mais s’adressant aussi à d’autres puissances émergentes. Pour Moscou, l’avenir se joue autant à Washington qu’à Pékin, Pretoria ou Brasilia.


Iman chroniqueur Babacar DIOP

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