
Un scandale social majeur éclate aux Industries Chimiques du Sénégal (ICS), où 103 chauffeurs dénoncent des années d’exploitation dans des conditions précaires, sans contrat de travail et sans protection sociale.
Ces travailleurs accusent l’entreprise de fraude sociale et fiscale avant de les licencier de manière brutale et injustifiée.Des années d’exploitation à l’ombre
Les chauffeurs concernés affirment avoir exercé leur métier pendant des années, parfois plus d’une décennie, sans bénéficier des droits élémentaires auxquels ils étaient en droit de prétendre.
Selon Daouda le, Chargé de Communication de l’Union des Routiers du Sénégal, ces travailleurs ont été exploités « sans contrat, sans couverture sociale et sans respect des lois ».
Ils ont été contraints de transporter des matières dangereuses sans aucune protection, risquant leur santé au quotidien.Le manque de couverture sociale est un des principaux reproches formulés par les chauffeurs.
Aucune cotisation n’aurait été versée à l’IPRES (Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal) ni à la Caisse de Sécurité Sociale, privant ainsi ces travailleurs de leur droit à la retraite et à une assurance maladie.
Licenciements massifs : un déni de justiceLe mécontentement des chauffeurs a atteint son paroxysme avec l’annonce des licenciements massifs. Du jour au lendemain, 103 d’entre eux ont été évincés sans préavis ni indemnités suffisantes, une situation qui a exacerbé le sentiment d’abandon.
« Nous avons été abandonnés comme des déchets. Comme si notre travail n’avait jamais compté », dénonce un chauffeur licencié.Les syndicats et les travailleurs dénoncent ces licenciements comme une tentative de dissimuler les pratiques illégales au sein de l’entreprise.
« Ils cherchent à effacer les preuves de leurs crimes en se débarrassant des témoins gênants », affirme Daouda Lo, appelant à une enquête sérieuse des autorités.Vers un bras de fer judiciaire.
En réponse à ces licenciements abusifs, les chauffeurs licenciés ont annoncé la préparation d’une plainte collective, soutenue par plusieurs syndicats et organisations de défense des travailleurs.
Parmi leurs revendications : la réintégration immédiate des employés ou le paiement d’indemnités pour licenciement abusif, le versement rétroactif des cotisations sociales non versées et la mise en place d’une enquête indépendante sur les pratiques fiscales et sociales des ICS.
Les chauffeurs, déterminés à obtenir justice, se préparent à organiser des actions de mobilisation dans les prochains jours si leurs demandes ne sont pas prises en compte.
Un silence assourdissant de la directionMalgré l’ampleur de l’affaire, la direction des ICS n’a pas répondu aux multiples sollicitations des médias.
Son silence persistant est perçu comme une tentative de dissimulation des faits, ce qui a renforcé la méfiance des syndicats et des travailleurs à l’égard de la gestion de l’entreprise.
Ce scandale survient alors que les ICS, acteur clé dans l’industrie phosphatière sénégalaise, sont déjà sous pression en raison de tensions sociales récurrentes et de soupçons de mauvaise gestion.
Un précédent juridique potentiel
Cette affaire soulève des inquiétudes sur l’étendue du travail dissimulé au Sénégal. Si les accusations des chauffeurs sont confirmées, ce scandale pourrait constituer un précédent juridique majeur, avec des implications importantes pour les droits des travailleurs au Sénégal.
Les 103 chauffeurs licenciés restent fermes dans leur engagement à obtenir justice. Ils comptent porter l’affaire devant les juridictions compétentes, dans l’espoir de mettre fin à l’impunité et d’obtenir réparation pour les années d’exploitation qu’ils ont subies.
Affaire à suivre.
Imam chroniqueur Babacar DIOP