Par imam chroniqueur Babacar Diop

Le spectre de la fraude continue de planer sur le baccalauréat au Sénégal. Cinq candidats ont été interpellés dans la région de Matam pour tricherie lors de l’épreuve d’anglais.
L’incident met une nouvelle fois en lumière l’usage frauduleux des téléphones portables durant les examens.Selon les informations recueillies, quatre des mis en cause ont été arrêtés à Thilogne par la brigade des Agnams, tandis qu’un cinquième a été interpellé à Kanel.
Parmi eux, figurent deux jeunes filles. Les enquêteurs soupçonnent l’utilisation de smartphones pour recevoir ou partager des éléments de correction pendant l’épreuve.Ce phénomène n’est pas nouveau.
En 2024, huit candidats avaient déjà été arrêtés à Dahra Djoloff pour des faits similaires, après avoir diffusé des corrigés via l’application WhatsApp.
Plusieurs centres d’examen à travers le pays rapportent chaque année des cas d’exclusion pour possession de téléphone portable ou tricherie flagrante.
Pour le sociologue de l’éducation Cheikh Oumar Bâ, cette recrudescence de la fraude est symptomatique d’une crise plus profonde du système éducatif.
« Le recours massif à la tricherie traduit une pression sociale et scolaire mal gérée, doublée d’un affaiblissement des valeurs d’intégrité chez certains élèves » (in Crise de l’École et Éthique sociale, L’Harmattan, 2022, p. 134).
Du côté des autorités, la vigilance reste de mise. Le ministère de l’Éducation nationale a récemment renforcé les mesures de sécurité, notamment l’interdiction stricte des téléphones portables dans les centres.
Mais ces efforts semblent encore insuffisants face à des méthodes de fraude de plus en plus sophistiquées.
L’affaire de Matam relance le débat sur la nécessité de réformer les conditions d’organisation du baccalauréat et de mieux encadrer les candidats.
Comme le rappelait récemment le psychopédagogue Mamadou Lamine Diop : « La triche n’est pas qu’un acte isolé ; c’est souvent le symptôme d’un malaise collectif que l’école seule ne peut pas résoudre » (in L’Échec scolaire au Sénégal : enjeux et perspectives, NEAS, 2023, p. 89).
L’enquête est en cours, et les cinq candidats risquent l’exclusion définitive des épreuves, conformément au règlement en vigueur.