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Tensions diplomatiques sur l’axe Dakar-Nouakchott : la Mauritanie expulse des ressortissants étrangers

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Tensions diplomatiques sur l'axe Dakar-Nouakchott : la Mauritanie expulse des ressortissants étrangers

Depuis plusieurs semaines, une montée des tensions est observée sur l’axe Dakar-Nouakchott. En cause, l’expulsion par les autorités mauritaniennes de plusieurs ressortissants étrangers, principalement des Sénégalais, des Gambiens, des Maliens et des Pakistanais.

Ces mesures, qui suscitent l’inquiétude au sein de la sous-région, semblent liées à une recrudescence des tentatives d’émigration clandestine vers les îles Canaries via la Mauritanie.

D’après plusieurs sources locales, les autorités mauritaniennes ont renforcé les contrôles aux frontières et dans plusieurs villes du pays, notamment à Nouadhibou, principal point de départ des migrants vers l’Europe.

Cette intensification des vérifications a conduit à l’interpellation et à l’expulsion de centaines de personnes considérées comme étant en situation irrégulière.

Un responsable de la police mauritanienne, sous couvert d’anonymat, explique que cette politique vise à freiner les réseaux de passeurs.

« Nous avons constaté une augmentation alarmante des départs vers l’Europe. Notre pays refuse de devenir une plaque tournante de l’immigration clandestine. Ces mesures sont nécessaires pour garantir notre sécurité nationale. »

De l’autre côté de la frontière, à Rosso, principal point de passage entre la Mauritanie et le Sénégal, de nombreux migrants récemment expulsés racontent leur expérience. Malick, un jeune Sénégalais de 27 ans, confie avoir été arrêté alors qu’il travaillait dans un chantier.

« Je vis en Mauritanie depuis deux ans. Je n’ai jamais eu de problème, mais un jour, on m’a arrêté sans explication et on m’a reconduit à la frontière. »

Certains migrants dénoncent également des conditions d’expulsion difficiles. « On nous a enfermés plusieurs jours sans accès à nos téléphones avant de nous expulser », rapporte un Gambien qui dit avoir perdu toutes ses économies dans le processus.

Face à ces expulsions en série, les autorités sénégalaises suivent la situation de près. Un diplomate sénégalais en poste à Nouakchott a indiqué que des discussions sont en cours avec les autorités mauritaniennes pour garantir le respect des droits des Sénégalais vivant sur le territoire.

« Nous comprenons les préoccupations sécuritaires de la Mauritanie, mais nous insistons pour que nos ressortissants soient traités avec dignité », a-t-il déclaré.

Cette vague d’expulsions intervient dans un contexte où les routes migratoires vers l’Europe connaissent une pression accrue.

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 14 000 personnes ont tenté la traversée vers les îles Canaries depuis les côtes ouest-africaines au cours des six derniers mois, un chiffre en forte augmentation par rapport aux années précédentes.

L’Union européenne, préoccupée par cette situation, a récemment renforcé sa coopération avec la Mauritanie en augmentant les financements destinés aux contrôles frontaliers et à la lutte contre l’immigration clandestine.

Pour les associations de défense des droits de l’Homme, ces expulsions massives posent un risque accru de crise humanitaire.

« Beaucoup de ces personnes expulsées se retrouvent sans ressources et sans possibilité de retour dans leur pays d’origine », alerte un représentant de l’ONG Human Rights Watch.

Les analystes craignent également que ces mesures ne fragilisent les relations entre la Mauritanie et ses voisins, notamment le Sénégal, dont l’économie dépend en partie des échanges transfrontaliers.

En attendant, sur l’axe Dakar-Nouakchott, l’inquiétude grandit chez les populations concernées, tandis que les autorités continuent d’affirmer leur volonté de contrôler strictement les flux migratoires.

Imam chroniqueur Babacar DIOP

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