
Thiès, le 1er mars 2025 – Ce matin, un drame a secoué le quartier populaire de la Rue Sans Soleil à Thiès. Un homme d’une quarantaine d’années a tenté de s’immoler par le feu en pleine rue, provoquant stupeur et émoi parmi les témoins.
Selon plusieurs sources présentes sur les lieux, l’homme, visiblement en détresse, s’est aspergé d’un liquide inflammable avant d’allumer les flammes. “Il criait des paroles confuses sur ses difficultés avant de passer à l’acte”, rapporte un commerçant du quartier. Grâce à la réaction rapide des riverains, qui ont utilisé des extincteurs et des seaux d’eau, les flammes ont été maîtrisées avant qu’elles ne causent l’irréparable.
La victime a été évacuée d’urgence vers le centre hospitalier régional de Thiès. D’après une source médicale, elle souffre de brûlures au troisième degré sur une grande partie du corps, et son pronostic vital reste engagé. Une enquête a été ouverte par les forces de l’ordre pour élucider les circonstances exactes de ce geste extrême.
Un cri silencieux face à la précarité sociale ?
Si les motifs précis de cet acte demeurent inconnus, plusieurs témoignages convergent vers des difficultés financières et des tensions familiales. “De plus en plus de personnes vivent dans une détresse silencieuse. L’immolation devient un geste d’ultime protestation pour certains”, analyse Dr. Mamadou Ndiaye, sociologue spécialisé en santé mentale et exclusion sociale.
Ce phénomène, bien que rare au Sénégal, rappelle les cas médiatisés dans d’autres pays, où l’immolation est devenue un symbole de revendication face aux injustices et au mal-être. Selon Dr. Abdoulaye Sarr, psychologue clinicien, “l’acte d’immolation traduit souvent un sentiment d’impuissance totale et l’absence d’autres formes d’expression pour revendiquer sa dignité. C’est aussi un signal d’alarme lancé à la société.”
Un phénomène en hausse selon les spécialistes
Des études récentes alertent sur l’augmentation des troubles psychologiques liés aux conditions socio-économiques précaires. Selon un rapport de l’Observatoire national de la santé mentale au Sénégal (2024), près de 30 % des adultes déclarent ressentir un stress chronique lié à l’insécurité financière et au chômage. Ce contexte, couplé à une faible prise en charge psychologique, favorise l’apparition de gestes désespérés.
Dr. Aïssatou Diallo, psychiatre au CHU de Dakar, souligne l’importance de renforcer les dispositifs d’accompagnement : “La souffrance psychique est souvent invisible jusqu’au passage à l’acte. Il est crucial de développer des structures de soutien accessibles pour prévenir ces tragédies.”
Appels à l’action : Une responsabilité collective
Face à ce drame, plusieurs voix s’élèvent pour interpeller les pouvoirs publics sur l’urgence d’un soutien accru aux personnes vulnérables. “Il faut une réponse globale alliant assistance sociale, soins psychologiques et prévention communautaire”, plaide Cheikh Ahmed Tidiane Diop, travailleur social et militant associatif.
En attendant les résultats de l’enquête, la Rue Sans Soleil reste marquée par cet événement tragique. Pour beaucoup, ce geste interroge non seulement la responsabilité collective face à la détresse sociale mais aussi la nécessité urgente de rétablir des espaces d’écoute et de solidarité au sein de la communauté.
Affaire à suivre…
Imam chroniqueur Babacar DIOP