
Au début de ce mois de mars, le docteur Eugène Aka Aouélé, président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC) s’est rendu à San Diego aux Etats Unis, pour nouer un partenariat entre la San Diego State University et la Côte d’Ivoire.
Auparavant, la vice-présidente de cette université avait séjourné en Côte d’Ivoire et entretenu les membres du CESEC ainsi que l’ensemble des présidents de nos universités, sur son institution et ce qu’elle pourrait apporter à un pays comme le nôtre.
Le président du CESEC était accompagné dans son voyage à San Diego d’une jeune surdouée ivoirienne issue d’une famille modeste de Yopougon, qui avait obtenu son entrée en sixième à sept ans, son baccalauréat à 14 ans et terminé ses études d’ingénieure en hydraulique à 19 ans.
L’université de San Diego va tester son niveau en anglais pour lui accorder une bourse d’études afin qu’elle aille encore plus loin.J’étais de la délégation à San Diego, et là-bas, j’ai pu voir les réalisations de très jeunes étudiants en matière d’ingénierie et d’inventivité.
Entre autres exemples, l’on nous montra un skate-board créé par un étudiant amateur de ce moyen de locomotion qui chuta une nuit sur une route en mauvais état. Il réfléchit et décida de créer un skate-board qui éclairerait la route et lui permettrait de se livrer à son hobbies la nuit.
L’université mit des moyens à sa disposition, et au bout de deux ans, il put réaliser et commercialiser son invention.
« Il gagne aujourd’hui deux millions de dollars par an », nous dit-on pour conclure.Aujourd’hui, à l’allure où va le monde, nous n’avons pas d’autre choix que de multiplier les partenariats comme celui conclu avec l’université de San Diego, afin de faire de notre pays, de notre continent africain, un producteur de matière grise.
Nous devons absolument dépasser la dimension de producteurs de matières premières pour investir dans la science et la technologie.
Sinon nous serons tout simplement effacés de la surface de la terre. Avec le développement phénoménal de l’intelligence artificielle, des micro-puces et de toutes les nouvelles technologies, la seule chose qui comptera bientôt sera l’intelligence.
Si aujourd’hui nous sommes utiles pour produire les matières premières dont a besoin le reste du monde, demain, lorsque les machines le feront totalement à notre place, quelqu’un posera la question de savoir ce qu’il faut faire de tous ces Africains qui n’apportent rien à l’humanité.
Oui, ouvrons les yeux. Nous nous acheminons vers un monde où seuls ceux qui aux yeux des tout-puissants ont une certaine utilité auront le droit de vivre.
Avec l’accroissement de la population mondiale, la terre qui n’est pas extensible deviendra bientôt trop petite pour tout le monde. Alors les forts élimineront les faibles pour occuper leurs terres.
Certains crieront à une vision inutilement pessimiste de ma part, mais n’oublions pas que cela s’est déjà produit dans l’histoire de l’humanité et est actuellement en train de se reproduire.
L’Amérique, du nord au sud, s’est créée sur les cadavres des premiers habitants qu’on a appelés « Indiens ». L’Australie s’est créée sur les corps des premiers habitants qu’on a appelés « Aborigènes ».
Et en Afrique du sud et au Zimbabwe, on a arraché aux Noirs leurs meilleures terres et ils ont été parqués dans ce qu’on a appelé les « bantoustans ».
C’était au temps de l’apartheid. Aujourd’hui, sous nos yeux, les Palestiniens sont massacrés à grande échelle et le président de la première puissance économique et militaire au monde a déclaré qu’il veut qu’ils s’en aillent du petit bout de territoire où ils étaient enfermés afin qu’il en fasse une promotion immobilière à destination des riches du monde.
Nous avons de brillants cerveaux. Nous ne sommes pas tous des surdoués comme la jeune fille qui a accompagné le président du CESEC à San Diego, mais nous avons la même intelligence que tous les autres peuples du monde.
Cependant l’intelligence s’entretient, s’améliore, s’accroit. Développons nos intelligences. Mettons-nous à la recherche de nos enfants les plus brillants et mettons-les dans des conditions qui leur permettront de créer, d’inventer.
Oui, nous devons nous aussi chercher à inventer, à créer, à trouver nous-mêmes des solutions à nos problèmes. Ne comptons plus sur qui que se soit pour nous prendre en charge. Soyons désormais adultes.
Le destin de tout humain est de se prendre un jour en charge et ne plus dépendre ni de ses parents, ni du reste de la société.
Venance Konan