
« Toutes les relations se résumaient à l’aide que les pays développés pourraient nous apporter. Je voyais nos journaux qui exultaient chaque fois qu’une contrée quelconque nous promettait de l’aide.
Pour nous, coopérer avec les autres pays non africains signifie recevoir de l’aide de leur part.
Et nous sommes malheureux chaque fois qu’un nouveau gouvernement français supprime le ministère de la Coopération, que nous considérons un peu comme le ministère chargé de nous donner de l’aide.
Aujourd’hui nous en sommes à ne plus pouvoir organiser le plus insignifiant des festivals, la plus banale des activités culturelles, la moindre élection sans nous croire obligés de demander l’aide d’un pays européen, des Etats Unis ou de l’Union européenne (UE).
En octobre 2017, au moment où j’achevais la rédaction de cet ouvrage, j’ai participé à un séminaire organisé par la Cour des comptes ivoirienne, à l’intention des directeurs généraux et présidents des conseils d’administration des entreprises publiques de Côte d’Ivoire.
Le séminaire était financé par l’USAID. »J’avais écrit ces lignes à la page 16 de mon livre : « si le noir n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber.
Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas l’empêcher de se tenir debout », publié en 2018 aux éditions Michel Lafon. Donald Trump vient de démanteler l’USAID. Comment allons-nous organiser nos séminaires désormais ?
J’ai vu sur les réseaux sociaux une courte vidéo dans laquelle le président américain disait que l’aide américaine avait rendu les pays africains paresseux.
Je ne sais si ces propos ont vraiment été tenus par lui, puisqu’il faut désormais compter avec l’intelligence artificielle qui peut faire dire tout à n’importe qui, on ne peut que lui donner raison.
Pendant longtemps l’Afrique subsaharienne a cru qu’elle ne pouvait pas vivre sans aide. Au point que pour tout et pour rien, elle tendait la main aux autres.
Même pour construire des banales latrines, comme j’en ai vu au Benin, au Togo et en Côte d’Ivoire. Ce qui fait dire à Axelle Kabou qui publia en 1991 un essai intitulé « Et si l’Afrique refusait le développement ? » :
« les Africains restent largement persuadés que leur destin doit être pris en charge par des étrangers. Pour eux, les prétentions civilisatrices de l’Occident ne s’arrêtent pas avec les indépendances. L
L’Afrique noire reste profondément humiliée par l’idée même de développement qu’il considère que c’est une tâche qui relève légitimement des obligations du colonisateur. »
Donald Trump vient de nous ramener à la réalité. Nous devons nous débrouiller tout seuls. C’est le message qu’il a envoyé aux Européens en ce qui concerne leur sécurité.
Si l’Afrique persiste à se tenir assise à attendre que ce soit les autres qui prennent en charge son destin, on la laissera tomber.
Sans état d’âme, le président américain a proposé de déplacer les Palestiniens de la bande Gaza pour s’y installer et en faire une Côte d’Azur.
C’est sous nos yeux impuissants que ces Palestiniens ont été massacrés à grande échelle par Israël, pour préparer justement la déportation future des survivants.
Ouvrons enfin les yeux. J’écrivais à la fin de mon livre cité plus haut que « si la nécessité s’impose demain de se débarrasser des Africains pour occuper leurs terres, les autres le feront sans état d’âme.
Cela a déjà été fait dans l’histoire aux Caraïbes, en Amérique, en Australie et dans certaines régions d’Afrique. Ils trouveront, comme par le passé, des Africains pour faire le sale boulot.
D’autre part, malgré toutes les bonnes âmes qui se trouvent en Europe, il arrivera le moment où ce continent refusera totalement de recevoir tous les miséreux venant d’Afrique. »
Qu’observons-nous actuellement dans l’est de la République démocratique du Congo ? Cela fait plus de vingt ans que l’on y massacre les populations pour un jour y occuper les terres et s’accaparer les richesses.
Qu’observons-nous aujourd’hui dans tous les pays d’Europe et aux Etats Unis ? Des frontières qui se referment. Continuons de rêver.
Venance Konan