🇨🇲 Cameroun : vives passes d’armes entre le journaliste Rodrigue Tongué et le ministre Paul Atanga Nji

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Quand la presse questionne le pouvoir, le silence devient réponse

🇨🇲 Cameroun : vives passes d’armes entre le journaliste Rodrigue Tongué et le ministre Paul Atanga Nji

L’échange a fait le tour des réseaux ce vendredi à Yaoundé. En pleine conférence de presse, le journaliste Rodrigue Tongué, figure respectée de Canal 2 International, a interpellé le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, sur des propos qu’il venait de tenir. Le ton était posé, la question directe ; mais la tension, elle, palpable.

Le ministre venait d’évoquer une « task force » et « un candidat qui se retrancherait » allusions aussitôt relevées par le journaliste. Tongué s’avance alors :

« Tout à l’heure vous avez parlé de la task force de Garoua, d’un candidat qui serait retranché à Garoua, dans sa résidence. »

La réplique fuse :

« Je n’ai pas parlé d’un candidat retranché, mais d’un candidat qui va se retrancher, sans prononcer la localité », corrige Paul Atanga Nji.

Mais Tongué ne s’arrête pas :

« Est-ce que vous parlez de Tchiroma sans pouvoir l’assumer, par crainte ? Et pourquoi organiser des élections qui coûtent des centaines de milliards, alors que vous, Monsieur le ministre, vous connaissez déjà le vainqueur ? »

Un silence lourd, suivi de rires nerveux dans la salle. L’instant devient viral.

Dans sa réponse, Paul Atanga Nji assume son style :

« Quand le Minat parle, je ne prononce jamais le nom de quelqu’un. J’emploie la métaphore, la caricature. Chacun se retrouve dans mes propos. Je n’ai pas d’amis, je travaille sans état d’âme. »

Puis vient la mise en garde :

« Un candidat a évoqué ses relations avec les terroristes. Il a dit qu’il terminerait sa campagne dans sa région natale et qu’il s’y autoproclamerait vainqueur. Je lui adresse cet avertissement : il se retrouvera dans mes propos. En 2018, j’avais dit que quelqu’un se retrouverait au pays du “Si je savais”. Il s’y est bien retrouvé. »

La métaphore devient menace. L’avertissement politique se pare du verbe prophétique. Et dans un Cameroun où la parole officielle est souvent interprétée à double fond, ce type de message résonne fortement à la veille d’un scrutin présidentiel.

Le Cameroun entre dans une phase critique de sa vie politique, à quelques jours de l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025. Dans ce contexte, chaque mot du ministre est pesé, décortiqué, scruté.
Ce face-à-face entre un journaliste tenace et un ministre stratège illustre une chose : le climat électoral camerounais est à vif, et les nerfs du pouvoir aussi.

Le silence du ministre, à la question sur « le vainqueur déjà connu », en dit long sur la méfiance mutuelle qui s’installe entre les médias et l’État. Pourtant, c’est bien à travers ces confrontations, parfois tendues, que la démocratie respire encore.

Et l’Afrique observe…

L’épisode rappelle à bien des observateurs africains que la liberté de la presse demeure un terrain fragile. Entre prudence et courage, les journalistes tentent de maintenir la parole libre face aux institutions.
Dans plusieurs pays du continent, la métaphore politique est devenue une arme : elle dissimule, avertit, menace parfois, sans jamais nommer. Le Cameroun, cette fois, en offre une scène exemplaire.

Et si le vrai débat n’était pas dans la question ou la réponse, mais dans ce silence partagé celui d’une nation qui attend ?

Rédaction : Celine Dou

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