🇵🇪 Pérou : la présidente Dina Boluarte destituée par le Parlement en pleine nuit, le pays s’enfonce dans l’instabilité

Le Pérou s’est encore réveillé avec un nouveau président. Dans la nuit du 9 au 10 octobre 2025, le Parlement péruvien a voté la destitution de la présidente Dina Boluarte, invoquant une « incapacité morale permanente ». En clair, les députés lui ont retiré toute confiance, après des mois de tensions, de scandales et de contestations sociales.
À peine la décision annoncée, le président du Congrès, José Jeri, a prêté serment pour assurer l’intérim jusqu’aux prochaines élections prévues en 2026. Le nouvel homme fort de Lima a aussitôt promis une « guerre frontale contre les gangs criminels », dans un pays miné par la corruption et la violence.
L’histoire de Dina Boluarte restera celle d’une présidente arrivée au pouvoir dans la tourmente… et repartie de la même manière.
Vice-présidente de Pedro Castillo, elle avait hérité du pouvoir après la chute de ce dernier en 2022, destitué pour tentative de dissolution du Parlement. Mais dès son installation, le rejet populaire était massif : son mandat a été marqué par une répression sanglante des manifestations, une défiance généralisée et une succession de scandales, dont l’affaire des montres Rolex non déclarées qui a durablement terni son image.
Malgré ses promesses de stabilité, Dina Boluarte n’a jamais su apaiser les fractures d’un pays où les élites politiques, les forces économiques et les régions andines se regardent en chiens de faïence.
Sept présidents en neuf ans : le chiffre résume tout. Depuis 2016, le Pérou vit au rythme des destitutions, démissions et scandales judiciaires. Aucun dirigeant n’a réussi à achever son mandat. Cette instabilité chronique traduit un effondrement de la confiance politique, mais aussi un épuisement du modèle institutionnel péruvien.
Les causes sont multiples :
- une constitution trop fragile, qui permet la destitution du chef de l’État sur des motifs subjectifs ;
- une classe politique fragmentée, incapable de consensus durable ;
- et surtout, une société civile en colère contre la corruption et les inégalités, qui réclame un vrai renouveau démocratique.
La chute de Dina Boluarte n’est pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de fragilisation politique qui traverse l’Amérique latine : coups d’État au Niger et au Gabon, crises institutionnelles en Équateur et en Haïti, montée des contestations sociales au Chili et en Argentine.
Sur ce continent où l’histoire hésite entre démocratie et autoritarisme, le Pérou apparaît comme un laboratoire de l’usure démocratique.
Et si ce séisme politique semble lointain pour l’Afrique, il rappelle des réalités bien connues sur notre continent : quand la corruption s’installe, quand la justice vacille et que la politique devient une bataille d’intérêts, la confiance populaire finit toujours par se rompre.
La destitution de Dina Boluarte ne change peut-être pas encore le visage du Pérou, mais elle dit quelque chose de notre époque : le pouvoir sans légitimité ne tient plus longtemps.
Dans un monde où les peuples sont plus informés, plus exigeants et plus connectés, la démocratie ne se décrète pas : elle se mérite, chaque jour, par la transparence et le respect du citoyen.
Le Pérou entre à nouveau dans une zone d’incertitude, mais la question demeure : combien de temps un pays peut-il survivre à tant d’instabilité sans se reconstruire ?
Rédaction : Celine Dou
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