
Assamaka, Niger – 20 avril 2025. Un convoi de camions transportant 1 141 migrants expulsés d’Algérie est arrivé samedi 19 avril à Assamaka, localité nigérienne frontalière du désert. L’arrivée de ce groupe hétérogène, composé de 41 femmes, 7 filles et 5 garçons, marque un nouvel épisode dans une crise migratoire aux contours de plus en plus dramatiques.
Selon des sources locales relayées par Aïr Info, ces migrants viennent de divers horizons : Guinée (347 personnes), Mali (287), Côte d’Ivoire (87), Bénin (70), Burkina Faso (54), Somalie (50) – dont 16 femmes somaliennes – ainsi que d’autres pays africains et asiatiques. Un melting-pot de détresses, abandonné aux portes du désert, sans vivres ni assistance immédiate.
Une crise qui s’aggrave
L’Algérie, sous pression migratoire, continue ses expulsions massives au sud, malgré l’accord bilatéral signé en 2014, qui ne concerne pourtant que les Nigériens en situation irrégulière. « Alger refoule toutes les nationalités vers nous, sans coordination », déplore un responsable nigérien contacté par Aïr Info. Cette politique migratoire unilatérale soulève de vives tensions diplomatiques entre les deux pays.
Des conditions humanitaires alarmantes
Les structures d’accueil à Assamaka sont à bout de souffle. Déjà saturé, le centre peine à répondre à l’afflux massif et répétitif de migrants. « Beaucoup arrivent épuisés, déshydratés, parfois malades. Les femmes et les enfants sont en détresse totale », alerte un travailleur humanitaire sur place.
Les organisations internationales tentent tant bien que mal de répondre aux besoins urgents, mais les moyens restent limités. Le Niger, déjà éprouvé par des défis économiques et sécuritaires, se retrouve contraint de gérer une crise qui le dépasse.
Des tensions diplomatiques persistantes
Le mécontentement de Niamey ne date pas d’hier. Dès 2016, le ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacoubou avait dénoncé ces expulsions jugées inhumaines et unilatérales. Le 18 avril dernier encore, le secrétaire général du ministère nigérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur algérien à Niamey pour lui faire part des violences dénoncées à l’encontre de Nigériens refoulés.
Des migrants à la croisée des chemins
En attendant un éventuel retour dans leur pays d’origine ou une hypothétique prise en charge, ces hommes, femmes et enfants restent coincés à Assamaka, ballottés entre désillusion, incertitude et rêves inachevés. Certains gardent espoir d’une vie meilleure en Europe, d’autres aspirent simplement à rentrer chez eux, dignement.
Mais pour l’instant, le désert reste leur seule certitude.
Source : Aïr Info, Agadez