Au Mali, Assimi Goïta abroge la loi sur les partis politiques : vers une recomposition totale du paysage politique

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Au Mali, Assimi Goïta abroge la loi sur les partis politiques : vers une recomposition totale du paysage politique

Bamako — Dunia News

Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a signé un décret présidentiel abrogeant la loi qui encadrait les partis politiques au Mali. Le texte, désormais publié sur le site officiel du gouvernement, marque une rupture sans précédent dans l’histoire politique du pays depuis l’instauration du pluralisme démocratique au début des années 1990.

Cette loi, jusque-là en vigueur, définissait les bases morales, juridiques et organisationnelles des partis politiques maliens, notamment leurs conditions de création, de fonctionnement, ainsi que leurs modalités de financement. Son abrogation intervient dans un contexte de durcissement du contrôle étatique sur les activités politiques, amorcé depuis plusieurs mois.

Le 10 avril 2024, les autorités de transition avaient déjà annoncé la suspension de toutes les activités des partis politiques et des associations à caractère politique, invoquant des « raisons d’ordre public ». Cette mesure, largement critiquée par les organisations de la société civile et certains partenaires internationaux, est aujourd’hui suivie par ce nouveau décret qui pourrait ouvrir la voie à une dissolution pure et simple des formations politiques existantes.

Selon l’Agence France-Presse (AFP), l’abrogation de cette loi soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir du multipartisme au Mali, où le débat politique est de plus en plus marginalisé au profit d’un pouvoir exécutif centralisé, incarné par la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020.

Dans les rangs de l’opposition, l’inquiétude est palpable. Certains y voient une tentative de « réinitialisation » du système politique malien, visant à affaiblir durablement les contre-pouvoirs. D’autres dénoncent une dérive autoritaire qui éloigne davantage le pays d’un retour à l’ordre constitutionnel.

Alors que la transition devait initialement aboutir à l’organisation d’élections, la feuille de route semble de plus en plus floue, et les signaux envoyés par les autorités pointent vers un recentrage du pouvoir sur l’appareil d’État, au détriment du pluralisme politique.

Avec cette nouvelle décision, le Mali entre dans une zone d’incertitude politique majeure. La recomposition du cadre juridique et institutionnel autour de l’exercice du pouvoir reste, pour l’heure, entre les seules mains de la junte.

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