Burkina Faso : Vers une justice plus inclusive avec l’introduction des langues nationales dans les audiences

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Une avancée majeure vient d’être franchie au Burkina Faso dans le domaine de la justice. L’Assemblée législative de transition a adopté, lors d’une séance plénière tenue le 9 juin, une réforme significative du système judiciaire, permettant désormais la tenue d’audiences en langue nationale, sous réserve du consentement de toutes les parties concernées.

Burkina Faso : Vers une justice plus inclusive avec l'introduction des langues nationales dans les audiences

Cette décision marque un tournant historique dans l’objectif de rendre la justice plus proche des citoyens et mieux adaptée aux réalités culturelles et linguistiques du pays. Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’une étape vers une plus grande inclusion et une démocratisation de l’accès au droit. Le Burkina Faso, pays à la riche mosaïque linguistique, voit ainsi sa justice prendre en compte la diversité de ses populations, dont une large part n’est pas francophone.

Des révisions plus larges pour moderniser l’appareil judiciaire

La réforme ne s’arrête pas à la langue des audiences. Elle s’inscrit dans un ensemble de modifications législatives plus vastes, touchant plusieurs aspects du fonctionnement des institutions judiciaires. Parmi les changements approuvés figurent la réorganisation de la Cour d’appel et des tribunaux de grande instance, la clarification du rôle des assesseurs et des juges d’instruction, ainsi qu’une redéfinition du mode de présidence de certains tribunaux.

Ces ajustements visent à renforcer l’efficacité des procédures judiciaires, à accélérer l’exécution des décisions de justice, et à améliorer la transparence et la compétence des magistrats. La réforme entend ainsi corriger les lenteurs et les dysfonctionnements souvent décriés dans les juridictions burkinabè.

Une justice alignée sur les réalités locales

Dans un contexte de transition politique marqué par de profondes attentes en matière de gouvernance, l’introduction des langues nationales dans les procédures judiciaires s’inscrit dans une volonté manifeste de refonder les institutions sur des bases plus inclusives et ancrées dans les réalités sociales. L’Assemblée législative de transition a insisté sur le fait que cette réforme vise à rapprocher le citoyen de la justice, et non l’inverse.

Cette évolution suscite déjà des réactions positives dans la société civile, où elle est perçue comme une reconnaissance tardive mais salutaire de la diversité culturelle du pays. Elle soulève néanmoins des défis pratiques, notamment en matière de formation des magistrats, de traduction juridique, et d’interprétation en salle d’audience — des chantiers que le ministère de la Justice devra prendre en main pour garantir l’efficacité de la mesure.

Un pas vers une justice pour tous

En rendant possible l’usage des langues nationales dans les prétoires, le Burkina Faso s’engage sur une voie de transformation profonde de son système judiciaire. Plus qu’un simple aménagement technique, il s’agit d’un signal fort envoyé aux citoyens : celui d’une justice qui écoute, qui comprend, et qui s’adapte aux réalités vécues par la majorité de la population.

Cette réforme pourrait inspirer d’autres pays africains confrontés aux mêmes enjeux d’accessibilité et de reconnaissance des langues locales dans les sphères institutionnelles.

Imam chroniqueur Babacar Diop

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