
Alors que l’Extrême-Nord du Cameroun est une nouvelle fois confronté aux ravages des crues saisonnières, l’Inde a apporté un appui humanitaire d’envergure, sous la forme de 1 000 tonnes de riz et de matériel médical. Ce geste, salué à Yaoundé lors d’une cérémonie officielle présidée par le ministre camerounais de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, vient appuyer les efforts du gouvernement pour répondre à une situation d’urgence récurrente dans la région.
Le Haut-Commissaire de l’Inde au Cameroun, Shri Vijay Khanduja, a qualifié cette donation de « modeste mais sincère expression de compassion du peuple indien à l’endroit du Cameroun ». Le diplomate a souligné la solidarité entre les deux nations, notamment face aux défis humanitaires et climatiques qui touchent régulièrement certaines zones rurales et vulnérables d’Afrique centrale.
Les envois ont été inspectés et réceptionnés au port de Douala, où les autorités compétentes ont vérifié la conformité des produits. Leur acheminement vers les localités sinistrées de l’Extrême-Nord est en cours, sous la coordination du ministère de l’Administration territoriale.
Chaque année, les crues des fleuves Logone et Mayo Kebi provoquent des inondations majeures dans l’Extrême-Nord camerounais. Ces débordements entraînent la destruction de cultures vivrières, la perte de logements, et une recrudescence de maladies hydriques. En 2024, plus de 60 000 personnes avaient été touchées par ces intempéries, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).
Cette vulnérabilité structurelle, aggravée par la pression démographique, l’urbanisation non planifiée et les effets du changement climatique, requiert des interventions d’urgence, mais aussi une stratégie de résilience à long terme. Le don indien, bien qu’important, s’inscrit dans un ensemble plus large de défis que le Cameroun devra relever avec ses partenaires.
Le geste indien s’inscrit également dans une dynamique plus large de coopération Sud-Sud, souvent moins médiatisée mais de plus en plus active sur le continent africain. L’Inde, qui renforce depuis deux décennies ses relations diplomatiques et économiques avec les pays africains, privilégie souvent des aides directes, ciblées, et symboliques, dans une optique de proximité culturelle et de respect mutuel.
Au-delà du strict cadre humanitaire, ce type d’initiative témoigne aussi d’une diplomatie bienveillante, susceptible d’améliorer l’image de l’Inde en Afrique centrale. Pour le Cameroun, qui cherche à diversifier ses partenariats et à sortir de certaines dépendances historiques, cette ouverture à d’autres axes de solidarité internationale peut représenter une voie stratégique.
Si le don indien est à saluer, il met également en lumière le besoin d’une coordination plus efficace entre l’État camerounais, les partenaires internationaux et les ONG pour anticiper les conséquences des crues. La gestion des urgences ne peut reposer uniquement sur les réponses ponctuelles : elle nécessite des infrastructures adaptées, une cartographie précise des zones à risque, et un plan d’alerte communautaire robuste.
Le soutien du peuple indien intervient donc à un moment critique, mais il rappelle aussi l’urgence de bâtir une politique de prévention durable. Le riz et les kits médicaux apporteront un soulagement immédiat. Mais seule une stratégie globale permettra d’éviter, à moyen terme, que ces tragédies climatiques ne deviennent une fatalité annuelle.