Les membres de la Plateforme des jeunes de l’Extrême-Nord pour l’émergence seront face à la presse le 6 mai prochain. À cette occasion, leur coordonnateur, Mohamadou Atikou Kalda, annoncera les dernières modifications de cet événement prévu le 10 mai à la place des fêtes de Maroua, présenté comme une mobilisation de « 100 000 jeunes unis derrière le président Paul Biya en 2025 ».
Une manifestation dont le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, est le parrain désigné. Mais en attendant ce rendez-vous, l’organisateur accepte de lever un coin du voile.
” Nous avons déjà dépassé le cap des 100 000 jeunes », assure d’emblée Mohamadou Atikou Kalda. À l’en croire, l’engouement est tel que la plateforme a abandonné le concept de départ et a décuplé son premier objectif : réunir un million de jeunes.
Aucun détail n’est cependant fourni sur la cohérence de ce glissement sémantique, pas plus que sur les motivations profondes de cette démonstration de masse. Réticent à clarifier son projet, Kalda esquive prudemment : « On ne peut pas encore dire que la finalité est l’élection présidentielle de cette année parce que le président Paul Biya ne nous a pas encore dit qu’il est candidat ».
Sur le terrain, la plateforme semble pourtant se comporter comme si la campagne était déjà lancée. Kalda annonce un record d’affluence à Maroua, tout en s’appliquant à dépolitiser l’initiative : « Ce n’est pas un meeting, ni une marche. On préfère parler d’une mobilisation ». Mais la mécanique d’organisation est rodée. « Contrairement aux accusations, il n’a jamais été question de charters », affirme-t-il, en réponse aux critiques évoquant des jeunes convoyés et rétribués.
La plateforme, dit-il, privilégie les « adhésions volontaires ». Des fiches auraient été diffusées dans tous les départements de l’Extrême-Nord, confiées à des points focaux chargés de collecter les inscriptions. À chaque adhésion, un selfie avec la fiche est exigé. C’est sur la base de ces photos que la plateforme revendique déjà plus de 100 000 participants, et se donne pour nouvel objectif d’atteindre un million de jeunes unis derrière Paul Biya.
Face aux critiques, Kalda reste droit dans ses bottes. « Nous avons un événement à organiser. Nous y sommes focalisés », lâche-t-il, balayant d’un revers les rumeurs d’une contre-manifestation annoncée pour le 12 mai. À ceux qui y voient une réaction à l’appel lancé quelques semaines plus tôt par le ministre de la Santé publique Malachie Manaouda à Mokolo, il répond, non sans ironie : « J’étais l’organisateur de cet appel à Mokolo. Nous ne sommes pas en contradiction, je préfère parler de continuité ».
Mais l’homme semble surtout irrité par la campagne de soupçons qui l’entoure. « On dit que j’ai été reçu à la présidence, qu’on m’a donné des milliards… C’est complètement faux. Il y a même eu un devis qui a circulé, j’ai démenti, et on a écrit sur ce démenti « faux ». Nous restons sereins », affirme-t-il.
Qu’on s’en félicite ou qu’on s’en inquiète, Mohamadou Atikou Kalda n’est plus un simple opérateur économique de Mokolo. Membre élu de la Chambre de commerce (CCIMA), il est aussi le trésorier de la section RDPC Mayo-Tsanaga I, qu’il qualifie volontiers de « plus grande section du pays ». Il se revendique « grand promoteur » du parti au pouvoir, précisant qu’à ce titre, « les grands promoteurs déboursent 500 000 FCFA pour obtenir la carte d’électeur, signée du secrétaire général du comité central ».