Cameroun : quand les droits d’auteur peinent à nourrir les créateurs

Au Cameroun, la question des droits d’auteur reste une problématique majeure pour le monde artistique. Derrière les montants annoncés parfois des dizaines de millions de francs CFA à répartir entre des centaines, voire des milliers de bénéficiaires se cache une réalité douloureuse : de nombreux artistes peinent à percevoir une rémunération équitable pour leur travail.
La gestion de ces droits n’est pas seulement un enjeu économique : elle touche à la justice sociale et à la souveraineté culturelle du pays. Lorsqu’un créateur ne peut vivre de son art, c’est toute la chaîne de création qui se fragilise, et le rayonnement culturel du Cameroun qui s’érode.
La redistribution des droits d’auteur est confiée à SONACAM (Société Nationale Camerounaise de l’Art Musical) et à d’autres organismes de gestion collective. Ces structures collectent les redevances auprès des diffuseurs radios, télévisions, concerts, plateformes numériques pour les reverser aux auteurs, compositeurs et interprètes.
Mais le mécanisme montre ses limites :
- Morcellement des sommes : un montant global, même conséquent, se retrouve dilué entre des milliers de bénéficiaires.
- Retards de paiement : les artistes attendent parfois plusieurs années avant de toucher leurs droits.
- Manque de transparence : l’absence de communication claire sur les critères de répartition suscite méfiance et frustration.
Dans ce contexte, des créateurs se retrouvent avec des montants symboliques, parfois insuffisants pour couvrir les besoins élémentaires liés à leur activité artistique.
Au-delà de l’aspect financier, la question des droits d’auteur touche à la capacité du Cameroun à valoriser sa culture. Quand les revenus de la création sont mal gérés, l’industrie artistique se fragilise, les talents locaux s’exilent ou se détournent de leur culture, et la production nationale perd en qualité et visibilité.
La maîtrise de ce système est aussi un levier stratégique : elle permet de protéger les œuvres locales, d’attirer des partenaires et des investisseurs, et de garantir que la créativité camerounaise bénéficie d’abord à ses créateurs et au pays.
Les acteurs du secteur évoquent plusieurs pistes pour améliorer la situation :
- Renforcer la transparence : publication régulière des comptes et des critères de répartition.
- Digitalisation : suivi précis des diffusions pour calculer automatiquement les revenus dus.
- Formation et sensibilisation des artistes : mieux comprendre leurs droits et les mécanismes de protection.
- Dialogue renforcé : coopération entre l’État, les diffuseurs et les sociétés de gestion pour un système équilibré.
Ces réformes ne peuvent plus attendre : chaque artiste laissé pour compte est un signal inquiétant pour l’avenir de la culture camerounaise.
Garantir une rémunération équitable aux créateurs n’est pas un simple geste financier. C’est un acte de justice et un investissement dans l’avenir culturel et économique du pays. La redistribution des droits d’auteur est un baromètre de l’attention portée à la créativité et à l’identité nationale.
Agir pour une meilleure gestion des droits, c’est offrir aux artistes les moyens de continuer à créer, de transmettre et d’inspirer, tout en consolidant la souveraineté culturelle du Cameroun sur le continent et dans le monde.
Celine Dou
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