
Des tensions ont éclaté ce dimanche à Gogui, un poste-frontière entre la Mauritanie et le Mali, après qu’un groupe de migrants récemment expulsés de Mauritanie a incendié un poste de police. En réponse, les forces de l’ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, selon des sources sécuritaires locales.
Une situation tendue à la frontière
Selon plusieurs témoins, les incidents ont débuté lorsque des migrants, refoulés vers le Mali, ont exprimé leur colère face à leurs conditions d’expulsion. « Ils étaient frustrés par le traitement qu’ils ont subi en Mauritanie et par l’absence de solutions à leur situation », a déclaré un habitant sous couvert d’anonymat.
D’après les autorités locales, un groupe d’une cinquantaine de personnes s’est rassemblé devant le poste de police de Gogui pour protester. Les tensions sont rapidement montées, aboutissant à l’incendie partiel du bâtiment. Les flammes ont causé des dégâts matériels importants, bien qu’aucune perte humaine n’ait été signalée.
Réaction des forces de l’ordre
Face à l’ampleur des troubles, les forces de sécurité mauritaniennes ont riposté en lançant des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. « La situation était devenue incontrôlable. Nous avons agi pour protéger nos installations », a affirmé un responsable de la police locale.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des colonnes de fumée s’élevant du poste de police, tandis que des migrants scandent des slogans dénonçant leur expulsion. Certains affirment avoir été maltraités au cours de leur détention en Mauritanie avant d’être renvoyés de force vers le Mali.
Un contexte migratoire complexe
La Mauritanie, pays de transit pour de nombreux migrants en route vers l’Europe, a renforcé ces derniers mois sa coopération avec l’Union européenne pour lutter contre l’immigration irrégulière. Ce durcissement des contrôles a conduit à une multiplication des expulsions vers les pays voisins, notamment le Mali et le Sénégal.
Des organisations de défense des droits de l’Homme dénoncent régulièrement les conditions de ces expulsions. « Beaucoup de ces personnes vivent des situations précaires et sont souvent expulsées sans examen adéquat de leur cas », explique un représentant d’une ONG locale.
Appel au calme et renforcement de la sécurité
Dans un communiqué publié ce soir, les autorités maliennes ont condamné l’incident et annoncé l’envoi de renforts pour sécuriser la zone frontalière. « Nous ne tolérerons aucune atteinte à la sécurité nationale », précise le document.
De leur côté, des responsables mauritaniens ont défendu leur politique migratoire, affirmant qu’elle respecte les accords bilatéraux et les conventions internationales.
Pendant ce temps, plusieurs dizaines de migrants restent bloqués à Gogui, sans accès immédiat à des services de base. Les associations humanitaires appellent à une intervention rapide pour éviter une crise humanitaire dans cette zone sensible.
La situation demeure tendue, et les autorités des deux pays poursuivent leurs échanges pour prévenir de nouveaux incidents.
Imam chroniqueur Babacar DIOP