Dialogue russo-américain sur l’Ukraine : Moscou se dit prête à poursuivre les discussions diplomatiques

Par Imam chroniqueur Babacar Diop
Malgré les tensions persistantes autour du conflit ukrainien, la Russie a affirmé, ce jeudi 23 octobre 2025, qu’elle ne voyait « aucun obstacle majeur » à la poursuite du dialogue avec les États-Unis. Cette déclaration, faite par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, intervient après que Washington a indiqué qu’aucune rencontre entre les présidents des deux pays n’était, pour l’heure, envisagée.
Lors d’un point de presse relayé par l’agence Anadolu, la diplomate russe a précisé que Moscou restait ouverte à la poursuite des contacts bilatéraux avec les États-Unis. Selon elle, ces échanges visent à « définir les paramètres d’un dialogue », non seulement sur les questions bilatérales, mais aussi sur « les mesures communes pour un règlement du conflit en Ukraine ».
À lire aussi : Rome durcit le ton : l’Italie prête à soutenir des sanctions européennes contre la colonisation israélienne
Maria Zakharova a réaffirmé la position de principe de la Russie : la neutralité de l’Ukraine, son non-alignement militaire, son statut non nucléaire, ainsi que sa démilitarisation et sa « dénazification ». Elle a également insisté sur la nécessité de garantir les droits de la population russophone et d’assurer la libre activité de l’Église orthodoxe ukrainienne.
« C’est à partir de cette base que nous menons notre dialogue avec les États-Unis et avec d’autres pays désireux de contribuer de manière constructive au processus de règlement », a-t-elle déclaré.
La porte-parole a enfin souligné que le règlement de cette crise devait passer par la voie diplomatique, estimant que « ce travail, bien que difficile et minutieux, ne saurait être mené par des fuites ou des provocations ».
Une diplomatie prudente mais persistante
Cette position de Moscou s’inscrit dans une logique de maintien du canal diplomatique, malgré le gel des relations directes entre les dirigeants russes et américains depuis plusieurs mois. Pour certains observateurs, cette ouverture témoigne d’une volonté stratégique du Kremlin de se présenter comme acteur rationnel dans la recherche d’une solution pacifique, tout en maintenant la pression sur ses exigences fondamentales.
Le politologue russe Fyodor Lukyanov, dans son ouvrage Russia in Global Affairs (Éd. RIAC, 2023, p. 214), expliquait déjà que « la diplomatie russe, même en temps de confrontation, s’efforce de garder ouverte la porte du dialogue, ne serait-ce que pour contrôler le récit international du conflit ».
De son côté, l’expert américain en relations internationales John Mearsheimer, dans The Great Delusion: Liberal Dreams and International Realities (Yale University Press, 2018, p. 129), soulignait que « les puissances en guerre dialoguent souvent non pas par confiance, mais par nécessité stratégique, pour éviter que la rivalité ne tourne à la catastrophe ».
À lire aussi : Trump met en garde Israël : « Toute annexion de la Cisjordanie ferait perdre le soutien américain »
Ainsi, malgré les divergences profondes sur les conditions d’un éventuel accord, la Russie laisse entendre qu’une issue diplomatique demeure possible — à condition, toutefois, que les États-Unis et leurs alliés occidentaux reconnaissent ses lignes rouges sur la sécurité régionale et la souveraineté ukrainienne.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













