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GHANA – QUAND LES CERCUEILS RACONTENT LA VIE : UNE TRADITION FUNÉRAIRE AUSSI ARTISTIQUE QUE SPIRITUELLE

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GHANA – QUAND LES CERCUEILS RACONTENT LA VIE : UNE TRADITION FUNÉRAIRE AUSSI ARTISTIQUE QUE SPIRITUELLE

Accra, Ghana – Dans la région du Grand Accra, une pratique funéraire singulière attire depuis des décennies l’attention du monde entier. Il s’agit des cercueils personnalisés, ou abebuu adekai, littéralement traduits par « boîtes à proverbes ». Ces cercueils prennent des formes aussi surprenantes que symboliques : avion, poisson, livre, téléphone, chaussure ou encore voiture. Leur particularité ? Ils racontent la vie du défunt, ses aspirations, sa profession ou ses passions, comme pour dire que la mort n’est pas une fin, mais une transition.

UNE TRADITION NÉE DE L’ARTISANAT LOCAL

L’origine de cette tradition remonte aux années 1950 avec Seth Kane Kwei, un menuisier d’Accra. À l’époque, il fabriquait des palanquins cérémoniels pour les chefs traditionnels. Lorsqu’un client mourut avant de pouvoir utiliser son palanquin en forme de cabosse de cacao, Kwei le transforma en cercueil. C’est ainsi que naquit une tradition unique au monde : enterrer les gens dans des cercueils qui racontent leur vie.

Aujourd’hui, son atelier continue de perpétuer cet art, tout comme celui de son célèbre apprenti, Paa Joe, devenu une figure de référence de cette pratique à l’échelle internationale.

DES FORMES QUI PARLENT

Chaque cercueil est conçu sur mesure, selon les volontés de la famille ou en hommage à ce que représentait la personne disparue. Un pilote pourra ainsi être enterré dans un cercueil en forme d’avion, un enseignant dans un livre ouvert, un pêcheur dans un poisson géant, ou encore un musicien dans une guitare sculptée avec minutie.

Ces œuvres sont aussi riches de symboles culturels. En effet, dans la tradition ghanéenne, la mort ne marque pas la fin de la vie, mais le passage à un autre monde où l’individu continue d’exister. Ainsi, le cercueil devient le véhicule du défunt vers l’au-delà, un dernier hommage aussi expressif que poétique.

L’ART QUI DÉPASSE LES FRONTIÈRES

Ces cercueils hors norme ont séduit bien au-delà des frontières du Ghana. Depuis leur première exposition à Paris au Centre Pompidou en 1989 lors de l’événement « Les Magiciens de la Terre », ils sont exposés dans les plus grands musées du monde : à New York, Tokyo, Berlin ou Londres.

Pour les artisans, ces cercueils ne sont pas de simples commandes. Ils constituent un témoignage d’amour, de respect, et parfois, un ultime clin d’œil à la personnalité unique de celui ou celle qui les recevra.

ENTRE COUTUME ET TOURISME

Dans les quartiers d’Accra comme Teshie ou Nungua, ces ateliers sont devenus de véritables attractions culturelles. Des touristes du monde entier s’y pressent pour admirer ces chefs-d’œuvre de bois, souvent colorés et minutieusement détaillés. Paradoxalement, certaines de ces œuvres n’ont jamais servi de cercueil. Elles sont uniquement créées pour être vendues à des collectionneurs ou exposées comme objets d’art.

CÉLÉBRER LA MORT AUTREMENT

Loin des funérailles sobres et silencieuses de nombreuses cultures, les enterrements au Ghana sont des célébrations animées, marquées par des danses, des chants, des habits colorés et, bien sûr, des cercueils qui attirent tous les regards. C’est une manière d’honorer la vie du défunt, de transmettre un message, et de rappeler que chaque existence est unique.

DUNIA News – À la découverte de l’Afrique dans toute sa richesse culturelle.

Rédaction : DUNIA News

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