Dans un climat économique toujours tendu et marqué par l’incertitude, la Banque centrale européenne (BCE) a pris une décision majeure en abaissant, ce jeudi, ses trois principaux taux d’intérêt de 25 points de base. Ce geste, bien que largement anticipé par les observateurs des marchés financiers, confirme la volonté de l’institution de poursuivre sa politique d’assouplissement monétaire entamée depuis juin 2024.

Avec cette nouvelle mesure, le taux de dépôt principal est désormais ramené à 2 %, son plus bas niveau depuis janvier 2023. Le taux directeur sur les opérations principales de refinancement passe quant à lui à 2,15 %, tandis que le taux de la facilité de prêt marginal est ajusté à 2,40 %. Il s’agit de la huitième réduction consécutive des taux opérée par la BCE dans le cadre de sa stratégie visant à stabiliser l’inflation autour de la cible fixée à 2 %.
Cette politique monétaire accommodante se justifie notamment par les perspectives d’inflation. Selon les prévisions actualisées de la BCE, l’inflation devrait se maintenir à 2,0 % en 2025, reculer à 1,6 % en 2026, avant de revenir progressivement à l’objectif de 2,0 % en 2027. En mai dernier, un net ralentissement de la hausse des prix a été observé dans la zone euro, où l’inflation est tombée à 1,9 %, un chiffre inférieur à la cible visée, ce qui a conforté la BCE dans sa décision.
Ce nouvel assouplissement monétaire intervient dans un contexte international tendu, marqué par le regain des tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne. Le président américain Donald Trump a récemment menacé d’augmenter de manière significative les droits de douane sur les importations européennes, envisageant de porter ces taxes à 50 %. Cette annonce a fait suite à une suspension temporaire d’une précédente hausse de 20 %, alimentant ainsi les inquiétudes des marchés.
Toutefois, après un échange avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la Maison-Blanche a repoussé la date limite de mise en œuvre de ces nouvelles taxes au 9 juillet, laissant la porte ouverte aux négociations. Des discussions sont actuellement en cours entre le commissaire européen au commerce et son homologue américaine, dans l’espoir d’éviter une escalade aux conséquences potentiellement graves pour l’économie mondiale.
Dans ce contexte, la réduction des taux par la BCE vise non seulement à stimuler la demande intérieure, mais aussi à renforcer la résilience économique de la zone euro face aux chocs externes. L’institution reste toutefois prudente : elle a rappelé que toute future modification de sa politique monétaire dépendra de l’évolution des indicateurs économiques, notamment ceux liés à l’inflation, à la croissance et à l’emploi.
Imam chroniqueur Babacar Diop