Mali : Assimi Goïta s’octroie un mandat présidentiel de cinq ans sans élection, un choix contesté

Partager cet article

Le Mali vit une nouvelle phase politique controversée depuis l’adoption, le 11 juin 2025, d’une loi qui attribue au colonel Assimi Goïta un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable, sans organisation d’élections. Cette décision prise par le gouvernement de transition jette un éclairage inquiétant sur l’état de la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, plongé depuis plusieurs années dans une crise profonde.

Mali : Assimi Goïta s’octroie un mandat présidentiel de cinq ans sans élection, un choix contesté

Le texte adopté lors du dialogue national boycotté par une large part de l’opposition et de la société civile confère à Assimi Goïta un pouvoir exécutif prolongé, sans que la population ne soit appelée à se prononcer via un scrutin. Ce choix marque un recul significatif par rapport aux engagements précédents qui prévoyaient un retour à l’ordre constitutionnel au plus tard début 2026.

Les autorités justifient ce mandat par la nécessité de stabiliser un pays confronté à une insécurité persistante, des menaces djihadistes et des défis socio-économiques majeurs. Pourtant, pour beaucoup d’observateurs, cette décision revient à suspendre la démocratie et à prolonger indéfiniment un régime de fait.

Le dialogue national qui a conduit à cette loi a été fortement critiqué. Plusieurs partis politiques et groupes civiques ont dénoncé son caractère non inclusif et son absence de légitimité. Des manifestations contre cette loi ont eu lieu, réprimées parfois avec violence, alimentant un climat de tension et d’incertitude.

Cette marginalisation de l’opposition s’inscrit dans un contexte où les libertés publiques sont souvent restreintes, où les arrestations d’activistes se multiplient, et où la pression internationale ne suffit pas à faire plier le pouvoir.

Le Mali, pays stratégique du Sahel, suscite une attention particulière de la part des partenaires internationaux, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine, et les Nations unies. Ces acteurs réclament un retour rapide à la démocratie, des élections transparentes, et un dialogue national véritablement inclusif.

Jusqu’à présent, les sanctions économiques et politiques imposées par la CEDEAO n’ont pas fait fléchir le gouvernement de transition, qui semble déterminé à poursuivre son calendrier et ses choix.

L’adoption de ce mandat présidentiel sans élection marque un tournant dans la trajectoire politique du Mali. Elle interroge la capacité du pays à restaurer la paix et la stabilité tout en respectant les principes démocratiques.

Pour les Maliens, l’enjeu est crucial : retrouver la souveraineté populaire dans un pays marqué par la guerre, la pauvreté et l’exclusion. Pour la communauté internationale, il s’agit de conjuguer pression et dialogue afin d’éviter un enlisement durable.

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci