Mariage à 18 ans : l’enjeu urgent au féminin

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Mariage à 18 ans : l’enjeu urgent au féminin

Au Sénégal, le projet de relever l’âge légal du mariage des filles de 16 à 18 ans tarde à se concrétiser. Les mouvements féministes y voient une priorité pour le développement humain durable et pour la mise en conformité du Code de la famille avec les engagements internationaux du pays.

Selon le profil consacré par la World Bank, près de 31,4 % des jeunes femmes de 18-22 ans au Sénégal se sont mariées avant l’âge de 18 ans. Cette proportion traduit l’ampleur du phénomène, bien que des progrès aient été enregistrés : la part des filles mariées très tôt, avant 15 ans, est également en recul.

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Une tradition protectrice ou un frein à l’émancipation ?

Des chefs religieux et traditionnels continuent de considérer le mariage précoce comme un « bouclier » contre les risques de la jeunesse moderne — notamment la sexualité prématurée, le désœuvrement, ou encore l’exposition à certains comportements jugés danger­eux. Mais ce raisonnement ne néglige pas les effets secondaires : déscolarisation, dépendance économique, santé maternelle et infantile fragilisée.

Les transformations sociales en question

Le passage rapide des repères traditionnels, accéléré par les technologies numériques et la mondialisation, modifie les comportements des adolescents. Un rapport de la UNICEF sur l’Afrique de l’Ouest et Centrale observe :

« Une large proportion de l’activité sexuelle se produit avant le mariage, en particulier en Afrique de l’Ouest. »
Cette donnée souligne que le mariage n’est plus nécessairement synonyme de « protection » comme il l’était autrefois.

Les effets avérés du mariage précoce

Les études internationales montrent de façon répétée que le mariage des filles en dessous de 18 ans est corrélé à une scolarité plus faible, à des revenus plus modestes, et à des trajectoires de vie plus vulnérables.
Au Sénégal, une étude qualitative récente note que les normes patriarcales et culturelles sous-tendent encore fortement la pratique :

« Les résultats montrent que les mariages d’enfants s’enracinent dans les normes patriarcales et culturelles, tout en traduisant des inégalités de genre .»

L’urgence d’un accompagnement éducatif

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La question ne se réduit pas à fixer un âge légal : il s’agit de promouvoir une éducation inclusive, de garantir des perspectives d’emploi pour les filles, de renforcer l’autonomie économique et de sensibiliser au droit et à la santé. Le rapport de la banque mondiale plaide pour une approche combinée : éducation + richesse + lutte contre la pauvreté = réduction du mariage des enfants.

En résumé

Le relèvement de l’âge légal du mariage des filles à 18 ans s’impose comme une réforme majeure, mais elle ne se présentera efficace que si elle est accompagnée d’un changement de normes, d’un accès accru à l’éducation et d’une autonomisation économique des jeunes femmes. Il ne s’agit pas simplement d’interdire : il faut offrir d’abord une alternative viable.

imam chroniqueur
Babacar Diop

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