
Un événement tragique et lourd de soupçons s’est produit ce dimanche matin dans les murs de la prison civile d’Abomey-Calavi. Un agent de la mairie de Porto-Novo, récemment arrêté, est décédé en détention seulement quatre jours après son placement sous mandat de dépôt. Une mort subite qui suscite la consternation de ses proches et relance le débat sur les conditions de détention et le respect des droits des personnes privées de liberté au Bénin.
Une arrestation controversée
Tout commence le jeudi 15 mai, lorsque l’agent municipal est interpellé dans le cadre d’une affaire financière instruite par la Brigade économique et financière (BEF). Les détails de l’enquête n’ont pas été rendus publics, mais l’homme est rapidement présenté à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), juridiction compétente en la matière. À l’issue de cette audience, il est placé sous mandat de dépôt et transféré à la prison d’Abomey-Calavi.
À aucun moment, selon ses proches, l’homme ne souffrait de pathologies graves connues. Son état de santé n’inspirait aucune inquiétude particulière. Il entame donc sa détention provisoire dans l’attente de son jugement.
Une mort soudaine, une famille sous le choc
Ce dimanche 18 mai au matin, à peine quatre jours après son incarcération, l’administration pénitentiaire informe la famille du décès du détenu. Les causes évoquées restent floues. Mais dès leur arrivée à la morgue, les proches sont stupéfaits : une blessure visible au bras du défunt attire immédiatement leur attention. Choqués et méfiants, ils refusent catégoriquement de récupérer le corps.
Pour eux, ce décès soulève de graves suspicions. Une simple défaillance médicale ? Un accident ? Ou pire encore, des violences en détention ? Face à ce refus, une procédure d’autopsie devrait être ouverte pour faire la lumière sur les circonstances exactes du décès. Mais dans un pays où la transparence judiciaire est régulièrement remise en question, la famille craint que l’affaire ne soit étouffée.
Une affaire symptomatique d’un système carcéral à bout de souffle
Ce drame tragique intervient dans un contexte de critiques croissantes à l’égard des conditions de détention au Bénin. La surpopulation carcérale, le manque d’accès aux soins, l’insuffisance de surveillance, et parfois les violences internes entre détenus ou avec les gardiens, sont régulièrement dénoncés par des ONG locales et internationales.
La CRIET, souvent critiquée pour sa rigueur et l’absence de voies de recours effectives, est également au centre de ce dossier. En confiant la vie d’un citoyen en attente de jugement à un système carcéral fragilisé, l’État porte une responsabilité morale et juridique indéniable.
Une onde de choc dans l’opinion
Depuis l’annonce du décès, les réactions se multiplient sur les réseaux sociaux. Des voix de la société civile, des avocats, mais aussi des anonymes, exigent une enquête indépendante. Plusieurs collectifs appellent à une réforme urgente du système judiciaire et pénitentiaire béninois, afin de garantir aux citoyens la présomption d’innocence et des conditions de détention dignes.
Dans cette affaire, deux questions restent en suspens : comment un homme apparemment en bonne santé a-t-il pu mourir subitement en détention ? Et surtout, pourquoi la blessure visible n’a-t-elle pas été expliquée par les autorités pénitentiaires ?
En attendant les conclusions officielles de l’autopsie, ce dossier reste une illustration troublante du climat de défiance qui entoure les institutions judiciaires au Bénin.