
Mesdames et Messieurs,
L’éducation est l’âme d’une nation. Elle façonne les esprits, éclaire les consciences et trace les chemins de l’avenir. Mais comment une société peut-elle espérer progresser si elle néglige ceux qui ont pour mission de transmettre le savoir ?
Aujourd’hui, au Sénégal, les syndicats de l’enseignement supérieur – le SAEMSS, le CUSEMS, le SELS, le SELSA, l’UDEN et le SNESL/FC – élèvent une voix commune pour revendiquer le respect des accords signés, une rémunération juste et la revalorisation de la fonction enseignante.
Ce plaidoyer est un cri du cœur, un appel à la justice et à la reconnaissance d’un métier qui est au fondement de tout progrès.
- L’enseignement : Une mission noble et sacrée
L’enseignant est bien plus qu’un simple transmetteur de connaissances : il est un bâtisseur d’humanité. Cette vérité est universelle et reconnue à travers les âges.
Dans le Saint Coran, Allah exalte la valeur du savoir :
“Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir.”
(Sourate Al-Mujādilah, 58 : 11)
Le Prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions soient sur lui) a souligné la supériorité de l’instruction :
“La recherche de la science est une obligation pour tout musulman.”
(Hadith rapporté par Ibn Mâjah, n°224)
Ne pas honorer ceux qui se dévouent à cette quête est une injustice. Comme le rappelait Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme :
“L’éducation est une lumière. Celui qui en prive les autres est comme celui qui refuse la lumière du jour.”
(Extrait de « Massalik al-Jinan »)
- Le respect des engagements : Une obligation morale et juridique
Un contrat est un acte sacré en Islam comme en philosophie. Ne pas honorer les accords signés avec les enseignants est un manquement à l’éthique et à la justice.
Allah dit dans le Coran :
“Ô vous qui avez cru, respectez vos engagements.”
(Sourate Al-Mā’idah, 5 : 1)
Cheikh El Hadji Malick Sy, pilier de la Tijaniyya au Sénégal, enseignait :
“Le respect de la parole donnée est l’essence même de la droiture.”
(Extrait de « Ifhâm al-Munkir »)
En philosophie politique, Jean-Jacques Rousseau, dans Du contrat social, affirmait :
“Les engagements publics sont la garantie de la paix sociale.”
En ne tenant pas ses promesses envers les enseignants, l’État rompt un pacte fondamental qui fragilise la confiance publique.
- Une rémunération juste : Un droit fondamental
Un travail digne mérite une rémunération équitable. C’est une question de justice sociale et de reconnaissance du sacrifice consenti par les enseignants.
Le Calife Umar ibn al-Khattab (qu’Allah l’agrée) disait :
“Donnez aux gens leurs droits avant que leurs revendications ne deviennent des cris de détresse.”
En économie sociale, Amartya Sen, prix Nobel d’économie, souligne :
“Un salaire juste est un levier essentiel pour garantir la dignité et l’équité dans toute société civilisée.”
(Amartya Sen, Development as Freedom, 1999)
Cheikh Abdoul Aziz Sy “Dabakh”, rappelait :
“L’homme qui enseigne vos enfants mérite plus que des mots : il mérite de vivre dans la dignité.”
- La valorisation de la fonction enseignante : Une nécessité vitale
Une société qui ne valorise pas ses enseignants prépare son propre déclin. Investir dans l’éducation, c’est investir dans l’avenir.
Le philosophe grec Aristote déclarait :
“Ceux qui éduquent les enfants sont plus honorables que ceux qui leur donnent la vie.”
(Politique, Livre VIII)
Cheikh Ibrahima Niass, leader de la Fayda Tijaniyya, affirmait :
“Une nation prospère est celle qui élève le savoir au-dessus de toutes les richesses matérielles.”
De même, Nelson Mandela disait :
“L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde.”
Le respect des enseignants est un devoir qui incombe à toute société consciente de son avenir.
- Un appel solennel à la responsabilité collective
Nous appelons aujourd’hui l’État sénégalais à :
- Respecter les accords signés avec les syndicats de l’éducation.
- Garantir une rémunération juste et équitable pour les enseignants.
- Revaloriser la fonction enseignante, afin de reconnaître leur rôle fondamental dans la société.
- Assurer un cadre de travail décent pour préserver la qualité de l’éducation.
Ibn Khaldoun, dans sa Muqaddima, soulignait déjà :
“Quand l’éducation est négligée, la société décline et sombre dans l’ignorance.”
Nous interpellons également la conscience collective. L’avenir de nos enfants est lié au sort que nous réservons aujourd’hui à leurs éducateurs.
Conclusion : Agissons pour l’avenir de l’école sénégalaise
Ce plaidoyer est un appel à l’honneur, à la justice et à la responsabilité. L’éducation est un legs sacré, et les enseignants en sont les gardiens.
Comme l’affirmait Paulo Freire :
“L’éducation ne change pas le monde. Elle change les personnes qui changeront le monde.”
(Paulo Freire, Pédagogie des opprimés, 1968)
Ne laissons pas s’éteindre la lumière du savoir. Pour une école sénégalaise digne et équitable, il est temps d’agir.
Honorons nos enseignants. Préservons notre avenir.
Imam chroniqueur Babacar DIOP