Le couperet est tombé. L’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo, a été condamné à dix années de travaux forcés par la Cour constitutionnelle, pour détournement de fonds publics dans le cadre du projet agro-industriel de Bukangalonzo. Un verdict historique qui marque un tournant dans la lutte contre la corruption au sommet de l’État.

Selon le jugement rendu public ce mardi, Matata Ponyo a été reconnu coupable du détournement de 245 millions de dollars américains, initialement alloués à ce projet phare lancé sous la présidence de Joseph Kabila. L’initiative, censée contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays, s’est révélée être un gouffre financier sans résultats concrets sur le terrain.
Avec cette décision, la Cour constitutionnelle envoie un message fort : nul n’est au-dessus de la loi, même pas un ancien chef de gouvernement. Cette condamnation est d’autant plus symbolique qu’elle survient dans un contexte politique régional marqué par d’autres affaires judiciaires visant des figures de l’opposition. Au Tchad, par exemple, l’ancien Premier ministre Succès Masra a récemment été placé sous mandat de dépôt à la prison de Klessoum.
En RDC, Matata Ponyo, désormais opposant au régime en place et sénateur, était longtemps perçu comme intouchable. Sa condamnation à une peine aussi lourde assortie de travaux forcés constitue un précédent dans les annales judiciaires congolaises. Deux autres coaccusés, également impliqués dans le dossier, ont été condamnés à cinq années de prison ferme chacun.
Le projet de Bukangalonzo, qui devait être un moteur de développement agricole et industriel, est aujourd’hui l’emblème d’un échec de gouvernance. Aucun développement notable n’a été observé sur le site malgré les investissements colossaux. Pour les magistrats, la responsabilité de Matata Ponyo dans cette débâcle ne faisait plus de doute.
Ce verdict pourrait compromettre durablement l’avenir politique de Matata Ponyo, longtemps considéré comme un technocrate réformateur. Déjà affaibli par d’autres enquêtes, il voit son image d’homme d’État entachée par cette condamnation définitive. Reste à voir si ses soutiens politiques tenteront de remettre en cause la décision de la Cour ou de mobiliser l’opinion en sa faveur.
Dans un pays en quête de crédibilité institutionnelle, ce jugement pourrait toutefois renforcer la confiance des citoyens dans la capacité de la justice à sanctionner la mauvaise gestion, même au plus haut niveau.
Source : Afrik Inform