Saint-Louis : Démantèlement d’un vaste réseau de faussaires spécialisés dans les documents administratifs

La Division nationale de la lutte contre le trafic de migrants et les faux documents de voyage (DNLT) a réalisé une importante opération à Saint-Louis, mettant fin aux activités d’un réseau de faussaires particulièrement actif dans la falsification de documents officiels. Deux individus, Mamadou Misbahou Bah, alias Mamadou Diallo, et Mouhamadou Alpha Diallo, ont été interpellés pour leur implication présumée dans un trafic de faux diplômes, faux extraits de naissance et certificats administratifs divers.
Selon les informations rapportées par Libération, les suspects ont été déférés au parquet de Saint-Louis pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux dans un document administratif, faux en écriture privée et obtention indue de documents officiels.
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Les perquisitions menées par les enquêteurs ont permis de découvrir un véritable arsenal de falsifications : plus de 200 documents administratifs, dont des certificats de vie individuelle, des extraits de naissance, des certificats de résidence, de mariage, de divorce et de non-remariage. Certains de ces documents provenaient de différentes localités du pays.
Les limiers ont également saisi deux faux avis de recherche, un diplôme de BFEM vierge ainsi que deux diplômes falsifiés destinés à d’autres personnes. Le prix de vente de ces documents variait entre 50 000 et 150 000 F CFA, selon la nature et l’urgence de la demande.
Originaire de Labé, en Guinée, Mamadou Misbahou Bah a reconnu avoir usurpé plusieurs identités, notamment celle d’un dénommé Mamadou Diallo, né à Mbacké. Quant à son complice présumé, Mouhamadou Alpha Diallo, il se présentait comme officier à la retraite et aurait mis à profit ses anciennes relations dans les services d’état civil pour faciliter la délivrance de documents authentiques à partir de dossiers frauduleux.
La fouille approfondie de leurs effets personnels a permis de mettre la main sur soixante-dix autorisations parentales vierges, cinq certificats de célibat et de nombreux actes d’état civil prêts à être utilisés. Cette découverte confirme l’existence d’un réseau structuré et organisé, opérant dans plusieurs régions du Sénégal.
Pour la DNLT, cette opération illustre la volonté ferme de l’État de mettre un terme au commerce illicite des faux documents, un phénomène qui mine la crédibilité des institutions et fragilise la sécurité administrative du pays.
« La falsification de documents officiels constitue une menace directe à la souveraineté administrative et à la confiance citoyenne. Chaque faux papier est une brèche dans l’intégrité de la République », a confié un officier de la DNLT sous anonymat.
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Face à la prolifération de ces pratiques, plusieurs spécialistes appellent à renforcer la numérisation et la traçabilité des documents d’état civil. Le sociologue sénégalais Abdoulaye Kane, dans son ouvrage La République en papier (Éditions L’Harmattan, 2021, p. 132), souligne que « la modernisation administrative n’est pas seulement une question de technologie, mais de transparence et de responsabilité collective ».
Comme le rappelle l’imam chroniqueur Babacar Diop, « falsifier un document, c’est falsifier la vérité, or le Prophète ﷺ a dit : “Les signes de l’hypocrite sont au nombre de trois : quand il parle, il ment ; quand il promet, il ne tient pas parole ; et quand on lui confie un dépôt, il le trahit” (Sahih al-Bukhari, hadith n°33).
Cette affaire relance le débat sur la corruption, la moralité publique et l’éthique citoyenne dans la gestion des services administratifs.
imam chroniqueur
Babacar Diop













