
Un tournant majeur dans la coopération militaire entre la France et le Sénégal s’opère avec la restitution officielle des quartiers Maréchal et Saint-Exupéry aux autorités sénégalaises. Cette étape symbolique marque le début du retrait progressif des Éléments français du territoire sénégalais, conformément aux accords bilatéraux récemment renforcés.
Une Restitution Historique
La décision de transférer ces infrastructures militaires a été actée lors de la première réunion de la commission conjointe franco-sénégalaise, tenue le 28 février 2025 à Dakar. Selon un communiqué de presse publié par l’ambassade de France au Sénégal, cette rencontre stratégique a été présidée par le général Abdou Latif Kamara, directeur de l’Institut de défense du Sénégal. Y ont également pris part l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, et le commandant des Éléments français au Sénégal, le général Yves Aunis.
Ces quartiers, situés à Dakar, abritaient depuis plusieurs décennies des unités militaires françaises déployées dans le cadre d’accords de défense conclus entre Paris et Dakar après l’indépendance du Sénégal en 1960. Leur restitution marque un nouveau chapitre dans la souveraineté militaire sénégalaise et illustre la volonté des deux États de rééquilibrer leurs relations de coopération.
Un Retrait Progressif et Négocié
La restitution des quartiers Maréchal et Saint-Exupéry est la première phase concrète du processus de désengagement des forces françaises au Sénégal. Ce retrait progressif s’inscrit dans une dynamique plus large visant à redéfinir la présence militaire française en Afrique de l’Ouest, dans un contexte où plusieurs pays de la région revendiquent une plus grande autonomie stratégique.
Dans un entretien accordé à la presse, le général Abdou Latif Kamara a salué “une avancée significative vers la consolidation de la souveraineté nationale” tout en soulignant la poursuite d’une coopération militaire “fondée sur le respect mutuel et les intérêts partagés”. De son côté, l’ambassadrice Christine Fages a insisté sur la volonté de la France de “maintenir un partenariat sécuritaire fort avec le Sénégal, dans le cadre des défis régionaux communs”.
Des Infrastructures Stratégiques
Les quartiers Maréchal et Saint-Exupéry, situés dans des zones clés de la capitale sénégalaise, abritaient divers équipements logistiques, des centres d’entraînement et des postes de commandement opérationnels. Leur rétrocession permettra aux forces armées sénégalaises de renforcer leurs capacités opérationnelles et d’assurer un contrôle total sur ces infrastructures stratégiques.
Pour le chercheur en géopolitique Mamadou Diop, cette restitution est “le reflet d’une volonté politique claire de renforcer la souveraineté sénégalaise tout en préservant les liens historiques avec la France”. Cependant, il rappelle que “ce retrait progressif ne signifie pas la fin de la coopération militaire, mais une reconfiguration adaptée aux nouveaux enjeux sécuritaires”.
Un Signal Politique Fort
Ce transfert intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de la présence militaire étrangère en Afrique de l’Ouest. Plusieurs pays voisins, à l’instar du Mali et du Burkina Faso, ont récemment exigé le départ des troupes françaises de leur territoire, alimentant un débat sur la souveraineté et les nouvelles formes de partenariat sécuritaire.
À Dakar, cette restitution est perçue comme un geste politique fort en faveur d’une autonomie stratégique accrue. Le ministre sénégalais des Forces armées, dans une déclaration officielle, a affirmé que “cette étape témoigne de la maturité du partenariat franco-sénégalais et de la confiance mutuelle entre les deux nations”.
Vers un Nouveau Partenariat Sécuritaire
Malgré ce retrait partiel, les deux pays réaffirment leur engagement à maintenir une coopération militaire étroite, notamment en matière de formation, de renseignement et de lutte contre le terrorisme dans la région sahélienne.
D’autres phases de restitution d’infrastructures militaires sont attendues dans les mois à venir, selon des sources diplomatiques. Un suivi régulier sera assuré par la commission conjointe afin de garantir une transition harmonieuse et efficace.
Avec cette restitution, le Sénégal franchit une nouvelle étape dans la maîtrise de sa défense nationale, tout en préservant des relations diplomatiques et militaires étroites avec son ancien partenaire colonial.
Imam chroniqueur Babacar DIOP