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Souleymane Bachir Diagne honoré à Columbia : un hommage mondial à un philosophe du dialogue

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Souleymane Bachir Diagne honoré à Columbia : un hommage mondial à un philosophe du dialogue

New York, avril 2025 — L’Université Columbia a récemment célébré le parcours intellectuel et l’œuvre du philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, lors d’un hommage inédit s’étalant sur plusieurs jours. Plus de quinze ans après son arrivée au sein de cette prestigieuse institution américaine, ce sont plus de trente intellectuels, chercheurs, écrivains et penseurs venus d’Afrique, d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs qui se sont rassemblés pour saluer l’apport unique de celui que beaucoup considèrent comme l’un des grands philosophes contemporains.

Un penseur du multiple et du commun

Souleymane Bachir Diagne, auteur d’ouvrages majeurs tels que “En quête d’Afrique(s)”, “La controverse” ou encore “Ubuntu : un rêve d’humanité”, s’est toujours attaché à faire dialoguer les traditions philosophiques africaines, islamiques et occidentales. Selon le philosophe camerounais Achille Mbembe, présent à la cérémonie, « ce que Bachir Diagne nous enseigne, c’est que penser l’universel, c’est accepter qu’il ne soit pas donné d’avance, mais à construire dans le dialogue des cultures » (Columbia, 3 avril 2025).

Pour le professeur Henry Louis Gates Jr., de l’université Harvard, « il a réhabilité, avec élégance, l’intelligence africaine et musulmane dans les grandes conversations mondiales » (intervention publique, Columbia, 4 avril 2025). L’un de ses traits les plus marquants, selon ses collègues, est cette capacité à conjuguer exigence intellectuelle, ouverture et enracinement.

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Une reconnaissance académique et humaine

L’événement, organisé début avril 2025, a été ponctué de conférences, tables rondes, lectures et projections retraçant le parcours de Diagne, depuis Dakar jusqu’à New York, en passant par Paris. Entouré de sa famille, d’anciens étudiants et de collègues, le philosophe a été salué non seulement pour la profondeur de sa pensée, mais aussi pour son humilité, son engagement pédagogique et son attention constante à l’écoute de l’autre.

Souad Eddouada, professeure marocaine de philosophie, témoigne : « Bachir m’a appris qu’on ne philosophe jamais seul. Ses séminaires sont des lieux de résonance, où chaque voix est écoutée. » (interview, Columbia, 2 avril 2025).

Une nouvelle étape de transmission

Âgé de près de 70 ans, Souleymane Bachir Diagne a profité de cette célébration pour annoncer une transition dans sa carrière : il souhaite désormais se consacrer à l’écriture et à l’animation de séminaires en dehors des cadres universitaires traditionnels. « Il y a un temps pour enseigner, un autre pour transmettre autrement. Je veux écrire, dialoguer, bâtir des ponts philosophiques », a-t-il déclaré devant un amphithéâtre plein (discours de clôture, Columbia, 5 avril 2025).

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Cette orientation a été saluée comme une évolution naturelle vers une sagesse plus libre. « Il devient ce que les philosophes africains appellent un ‘maître du seuil’ : celui qui éclaire les carrefours », a résumé l’écrivain congolais Alain Mabanckou.

Langues, éthique, islam et traduction

Au cœur de la pensée de Diagne se trouvent le temps, l’éthique, la tradition islamique, la traduction et les langues africaines. Dans L’Encre des savants, il écrit : « Le temps africain n’est ni retard, ni avance, mais tension vers un avenir qui fait promesse. » Il plaide pour une philosophie enracinée dans les langues maternelles : « Penser en wolof n’est pas une régression mais un acte philosophique », affirme-t-il régulièrement.

Ngugi wa Thiong’o, écrivain et linguiste kényan, voit en Diagne « un frère d’armes dans la lutte pour la dignité linguistique et culturelle » (entretien croisé, New African Magazine, mars 2025).

Un legs vivant et inspirant

La cérémonie s’est conclue par la projection d’un documentaire inédit sur son parcours, suivi de lectures par ses anciens doctorants. Parmi eux, Fatou Bensouda, ancienne procureure de la Cour pénale internationale, a salué « un esprit lumineux, calme et radical à la fois, dont les idées accompagnent les luttes contemporaines pour la justice » (témoignage, 5 avril 2025).

Enfin, Kwame Anthony Appiah, professeur à New York University, résumait l’esprit de l’événement par ces mots : « Diagne n’a jamais cessé de nous rappeler que philosopher, c’est d’abord écouter l’autre. Et c’est ainsi qu’il est devenu une voix nécessaire de notre époque » (panel de clôture, Columbia, 5 avril 2025).

Iman chroniqueur Babacar DIOP

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