Thaïlande : suspension de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, un séisme politique aux résonances régionales

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Par Babacar Diop, chroniqueur

Un événement politique majeur secoue la Thaïlande ce mardi 1er juillet 2025 : la Première ministre Paetongtarn Shinawatra a été suspendue par la Cour constitutionnelle, à la suite de la révélation d’un enregistrement audio dans lequel elle émet des critiques envers l’armée thaïlandaise. Cette décision survient dans un contexte déjà tendu, marqué par des différends frontaliers persistants avec le Cambodge voisin

Thaïlande : suspension de la Première ministre Paetongtarn Shinawatra, un séisme politique aux résonances régionales

L’enregistrement en question, diffusé par plusieurs médias locaux dont Thai PBS World, relate un échange téléphonique entre Mme Shinawatra et le Premier ministre cambodgien Hun Sen. Selon les sources, la dirigeante thaïlandaise aurait tenu des propos jugés critiques à l’encontre des forces armées de son pays, ce qui a rapidement déclenché une vague de contestation au sein de la classe politique locale.

Dans la foulée, un groupe de sénateurs a déposé une plainte formelle, l’accusant de « faute éthique grave » et de « malhonnêteté ». La Cour constitutionnelle a estimé que ces accusations étaient fondées, prononçant une suspension immédiate de la Première ministre, sans indication pour le moment sur la durée de cette mesure.

Paetongtarn Shinawatra, âgée de 38 ans, incarne une nouvelle génération politique en Thaïlande. Fille de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, elle a accédé au pouvoir en août 2024 à l’issue d’un vote parlementaire, devenant l’une des plus jeunes dirigeantes de l’histoire du royaume.

Sa suspension intervient alors que le roi Maha Vajiralongkorn venait d’approuver un remaniement ministériel majeur, consécutif au retrait d’un parti-clé de la coalition gouvernementale. Ce contexte fragile alimente une période d’incertitude politique que plusieurs observateurs comparent à des situations récentes dans d’autres démocraties émergentes.

Des cas similaires ont récemment émaillé la vie politique d’autres pays asiatiques et africains. En Corée du Sud, le Premier ministre Han Duck-soo avait été suspendu temporairement par la Cour constitutionnelle avant d’être rétabli. Sur le continent africain, au Bénin, l’ancien ministre Paulin Akponna fait face à des poursuites judiciaires pour diffamation suite à des déclarations publiques controversées.

Ces exemples illustrent les défis complexes auxquels sont confrontés de nombreux États en développement : comment conjuguer liberté d’expression, équilibre des pouvoirs et responsabilité politique dans un contexte souvent marqué par des fragilités institutionnelles.

En Thaïlande, cette suspension risque de déstabiliser davantage un paysage politique déjà fracturé, avec des conséquences potentielles sur la stabilité régionale, notamment dans une zone Asie du Sud-Est marquée par des tensions géopolitiques croissantes.

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