
Le débat sur la Vᵉ République togolaise prend une nouvelle ampleur. Tandis que le gouvernement intensifie sa campagne de sensibilisation à travers le pays, l’opposition et la société civile manifestent leur rejet de cette réforme. Deux dynamiques parallèles qui mettent en lumière un climat politique sous tension.
Une offensive gouvernementale pour légitimer la Vᵉ République
L’exécutif a choisi Kara comme point de départ de sa campagne « S’engager pour la Vᵉ République », une initiative portée par le ministre des Relations avec les Institutions, Me Pacôme Adjourouvi. Objectif : expliquer les bénéfices du nouveau régime parlementaire instauré le 6 mai 2024.

Lors de la cérémonie de lancement, les autorités locales, les leaders communautaires et des représentants de la société civile ont été conviés à échanger sur les changements induits par cette réforme. Selon le ministre, ce modèle offrirait un meilleur équilibre des pouvoirs et garantirait une gouvernance plus transparente.
Pour toucher un large public, le gouvernement a déployé un dispositif de communication incluant des débats publics, des émissions télévisées et des rencontres locales. Cette stratégie vise à susciter l’adhésion progressive des citoyens. Après Kara, d’autres villes du pays seront le théâtre de cette campagne de promotion.
L’opposition mobilise la rue contre une réforme contestée

Pendant que le pouvoir défend son projet, l’opposition et plusieurs organisations de la société civile se sont retrouvées ce dimanche 23 mars 2025 sur le terrain des cheminots à Hanoukopé, à Lomé, pour exprimer leur rejet de la Vᵉ République. Une manifestation d’envergure qui a rassemblé des figures de l’opposition comme Jean-Pierre Fabre, Dodji Apévon et Brigitte Adjamagbo.
Les discours ont été marqués par des dénonciations virulentes contre ce qu’ils qualifient de « monarchisation du pouvoir » et de « coup de force institutionnel ». Le professeur David Dosseh a notamment pointé du doigt des entraves à la liberté de circulation de militants venus de Baguida, Aného et Tsévié, stoppés par les forces de l’ordre.

Jean-Pierre Fabre a réaffirmé la détermination de l’opposition à combattre cette réforme : « Nous ne reconnaissons pas cette 5ᵉ République et nous poursuivrons la lutte ». Cette première manifestation pourrait amorcer une mobilisation plus structurée contre le nouveau régime.
Un pays tiraillé entre légitimation et résistance
Entre la campagne de sensibilisation menée par le gouvernement et la contestation grandissante de l’opposition, le Togo est à un tournant politique crucial. La réforme constitutionnelle, loin d’être unanimement acceptée, devient le point focal d’un bras de fer entre pouvoir et opposition.
Alors que l’exécutif mise sur la pédagogie et la communication pour asseoir la Vᵉ République, la rue exprime un rejet déterminé. Ce clivage reflète une fracture profonde qui, sans un véritable dialogue national, pourrait alimenter de nouvelles tensions dans le paysage politique togolais.