
Le processus d’installation du premier Sénat togolais suit son cours. Après leur session de droit tenue le jeudi 6 mars dernier, les 61 sénateurs se retrouvent à nouveau ce vendredi 7 mars à partir de 9 heures au Palais des Congrès de Lomé. L’enjeu de cette nouvelle rencontre est de taille : l’étude et l’adoption du Règlement intérieur qui définira le fonctionnement de cette institution clé de la Vᵉ République.
La séance sera présidée par le doyen d’âge, Koudjolou Dogo, assisté des deux plus jeunes sénateurs. Une fois adopté, le texte sera soumis à la Cour constitutionnelle pour examen de conformité avec la Loi fondamentale. Ce n’est qu’après cette validation que le Sénat pourra élire son bureau directeur et entamer pleinement ses travaux législatifs.
Conformément à l’article 10 de la Constitution adoptée le 6 mai 2024, le Sénat togolais est composé de 61 membres : deux tiers (41 sénateurs) élus par les représentants des collectivités territoriales et un tiers (20 sénateurs) nommés par le Président du Conseil. L’ordonnance n°2024-001/PR du 5 novembre 2024 fixe ce nombre et encadre leur désignation. Ainsi, les élections sénatoriales du 15 février 2025 ont permis d’élire les 41 premiers membres. Quant aux 20 restants, leur nomination par le Président de la République en exercice a été officialisée le mercredi 5 mars 2025, soit à la veille de la session inaugurale du Sénat.
L’entrée en vigueur de la Constitution de la Vᵉ République marque une réforme majeure du paysage politique togolais. L’un des changements les plus significatifs concerne l’harmonisation des mandats électoraux. Jusque-là, le Togo organisait des élections presque tous les deux ans, engendrant des dépenses conséquentes et perturbant le fonctionnement régulier de l’État.
Avec la nouvelle Constitution, le pays ne connaîtra désormais qu’une seule élection générale tous les six ans pour élire les députés, ainsi que les conseillers régionaux et municipaux. Cette réforme vise à rationaliser les dépenses électorales et à stabiliser la gouvernance.
Dans les prochains jours, sénateurs et députés se réuniront en congrès pour élire le Président de la République, tandis que la majorité parlementaire désignera le Président du Conseil. Ce mode d’élection s’inscrit dans la logique de la nouvelle architecture institutionnelle, qui privilégie une séparation des pouvoirs plus équilibrée et une gestion plus efficace des ressources publiques.
Avec ces réformes, le Togo amorce une nouvelle ère politique, marquée par une meilleure organisation institutionnelle et une plus grande stabilité électorale. Le Sénat, dont l’installation est en cours, s’apprête ainsi à jouer un rôle déterminant dans le renforcement de la démocratie togolaise.
Jean-Marc Ashraf EDRON