Togo/L’équité en chantier : le combat de Babaka Koum pour la place des femmes dans le BTP

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Togo/L’équité en chantier : le combat de Babaka Koum pour la place des femmes dans le BTP

Kara, 13 octobre 2025 — Sous le soleil ardent de Kara, au cœur d’un chantier où résonnent les marteaux et les bétonnières, une silhouette se distingue : casque vissé sur la tête, plan à la main, Babaka Anosim Koum coordonne les opérations du futur siège du Trésor Public.
Dans les trentaine d’âge, cette jeune femme originaire de Bafilo s’impose dans un univers longtemps réservé aux hommes. Mais au-delà du travail bien fait, son parcours incarne une véritable conquête de l’égalité et de la dignité féminine dans le secteur du BTP togolais.

Née dans une famille musulmane pratiquante et conservatrice, Babaka grandit dans un environnement où les rôles sociaux sont clairement tracés. Pourtant, très tôt, elle ressent le besoin de tracer sa propre voie.
« Je voulais apprendre un métier qui me rende autonome et utile », raconte-t-elle.

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Son père, d’abord réservé, finit par lui donner sa bénédiction : « Si c’est ton choix, fais-le avec sérieux et dignité. » Ces mots deviennent pour elle une ligne de vie.

Mais avant même de convaincre sa famille, Babaka devait relever un défi vis-à-vis de ses camarades du quartier.
« Beaucoup se moquaient de moi, filles comme garçons », se souvient-elle. « Certains disaient qu’un chantier, ce n’est pas pour une femme. D’autres pensaient que je n’irais pas loin. »
Ces doutes, loin de la freiner, nourrissent sa détermination. Chaque remarque, chaque rire ironique devient pour elle une motivation supplémentaire à prouver que la compétence n’a pas de genre.

Après un Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) et une spécialisation en carrelage, Babaka fait ses premiers pas sur les chantiers. Recrutée en 2017 par ERGO comme maçonne, elle gravit rapidement les échelons.
De simple exécutante, elle devient cheffe d’équipe, puis rejoint TI BTP et EBACAR, où elle occupe tour à tour les postes de magasinière, caissière et responsable logistique.

Aujourd’hui, sur le chantier du Trésor Public à Kara, elle veille à la coordination technique, à la gestion du stock et au suivi des livraisons. Son sens de l’organisation et son autorité naturelle lui valent le respect unanime de ses collègues.
« Elle dirige sans hausser le ton », confie un technicien. « Chez Babaka, la compétence parle plus fort que la voix. »

L’impact de son parcours dépasse largement les frontières du chantier. Ses sœurs cadettes, inspirées par sa réussite, ont choisi à leur tour la voie technique, l’une en plomberie, l’autre en électricité.
Dans son entourage, elle est devenue un symbole d’audace féminine, une preuve vivante qu’une femme peut réussir sans renier sa foi ni ses valeurs.
Fidèle à ses convictions religieuses, Babaka reste attachée à la prière et aux traditions, tout en incarnant une modernité assumée et sereine.

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Dans un secteur où les femmes restent minoritaires, Babaka démontre qu’elles peuvent être au cœur du développement. Son parcours invite les institutions, les entreprises et les familles à repenser la place du genre dans les métiers techniques.
Elle milite à sa manière pour un équilibre entre les sexes fondé sur le mérite, la compétence et la confiance.

À toutes les jeunes filles togolaises, Babaka adresse un message empreint d’expérience :

« Ne laissez personne vous dire ce que vous ne pouvez pas faire. Si on vous ferme une porte, construisez-en une autre. »

Aux parents, elle lance un appel :

« Encouragez vos filles à rêver autrement. Soutenir leur ambition, c’est bâtir une société plus juste et plus forte. »

Et à ses pairs, femmes déjà actives dans la vie professionnelle :

« Soyons des modèles de persévérance. Ensemble, nous pouvons prouver que la femme n’est pas seulement un pilier du foyer, mais aussi de la nation. »

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Ainsi, entre la foi, le béton et la détermination, Babaka Anosim Koum ne construit pas seulement des bâtiments — elle érige les fondations d’une nouvelle perception du genre au Togo, où chaque femme peut être architecte de son destin.

Jean-Marc Ashraf EDRON

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