Le Cameroun tient peut-être son héros. En tout cas, il tient bon. Boris Michel Tientcheu, maillot jaune depuis plusieurs jours, a encore résisté à la pression, ce jeudi 12 juin, sur la route entre Douala et Kribi, à l’occasion de la 8ᵉ étape du Tour cycliste international du Cameroun. Et cela, malgré les soubresauts d’une compétition imprévisible, marquée la veille par l’annulation pure et simple de l’étape 7, en raison du mauvais état de la chaussée dans la capitale économique.

C’est dire si ce Tour 2025, loin d’être une simple démonstration d’endurance physique, reflète aussi les paradoxes d’un pays où la passion sportive roule souvent sur des nids-de-poule administratifs.
Sous le soleil capricieux de la côte camerounaise, les coureurs ont pédalé dur sur les 8e étapes, mais c’est surtout une lutte psychologique à distance qui s’est jouée : Tientcheu contre Mansouri. Le Camerounais, régulier, discipliné, mène toujours la danse, mais l’Algérien Islam Mansouri ne lâche rien. À 12 secondes seulement, il plane comme une ombre sur les ambitions du sprinteur local. Douze secondes : une éternité en descente, un battement de cœur en montée.
Il faut dire que Mansouri n’est pas un inconnu dans le peloton africain. Rompu aux joutes continentales, il sait attendre son heure. Les deux dernières étapes seront donc décisives, non seulement pour le classement général, mais aussi pour le prestige national.
Ce qui se joue ici dépasse le simple podium. À travers ce duel entre un Camerounais sur ses terres et un Algérien venu défier les certitudes, c’est aussi une forme de fraternité sportive panafricaine qui se déploie. Celle d’un continent qui, malgré ses défis, continue de produire des athlètes, des compétitions, et surtout de l’espoir.
Mais ce Tour révèle aussi des zones d’ombre : l’annulation de l’étape 7, pour cause de route impraticable, n’est pas qu’un détail technique. Elle souligne un manque d’investissement chronique dans les infrastructures, pourtant essentielles à la mise en valeur du sport africain. Peut-on rêver de compétitions internationales solides sans routes solides ? Le cyclisme, discipline d’endurance, devient ici une métaphore vivante de la résilience africaine : avancer, même quand le terrain s’y oppose.
Le Cameroun retient son souffle. Boris Tientcheu, encore en jaune ce soir, peut rêver à son premier sacre sur ce Tour. Mais il sait que rien n’est joué. Les deux étapes à venir sont autant d’épreuves physiques que mentales. La victoire finale ne sera pas seulement celle d’un homme, mais celle d’une constance, d’un effort collectif, d’une nation qui croit encore que ses routes peuvent mener à la gloire.
À suivre : la 9e étape prévue ce samedi 14 juin entre Ebolowa et Sangmélima.