Tunisie : Un déficit commercial record met l’économie sous tension

La Tunisie traverse une période économique préoccupante, marquée par une aggravation de son déficit commercial. Selon les données publiées ce lundi 13 octobre 2025 par l’Institut national de la statistique (INS), le déséquilibre de la balance commerciale a atteint 16,7 milliards de dinars tunisiens — soit environ 5,7 milliards de dollars — sur les neuf premiers mois de l’année.
Ce chiffre représente une hausse de plus de trois milliards de dinars par rapport à la même période en 2024, où le déficit s’élevait à 13,5 milliards de dinars. Une évolution que les experts qualifient de « préoccupante », car elle traduit à la fois une dépendance accrue aux importations et une fragilité persistante du tissu productif national.
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Le rapport de l’INS révèle également un recul du taux de couverture des importations par les exportations, passé de 77,5 % à 73,5 % en un an. Cette baisse traduit une perte de compétitivité des produits tunisiens sur les marchés internationaux.
Les secteurs les plus contributeurs à ce déséquilibre demeurent ceux de l’énergie, des matières premières et produits semi-finis, ainsi que des biens d’équipement et de consommation. Sur la période de janvier à septembre 2025, les exportations tunisiennes ont atteint 46,4 milliards de dinars (15,8 milliards de dollars), tandis que les importations ont grimpé à 63,1 milliards de dinars (21,5 milliards de dollars).
Pour plusieurs analystes, cette situation met en évidence la nécessité de réformes structurelles visant à renforcer la production locale et à diversifier les sources d’exportation. « Tant que la Tunisie dépendra massivement des importations d’énergie et de biens intermédiaires, elle restera vulnérable aux chocs externes », estime l’économiste tunisien Hatem M’rad dans son ouvrage Économie politique du Maghreb contemporain (Éditions Cérès, 2023, p. 218).
Le défi pour le gouvernement tunisien sera donc de trouver un équilibre entre la relance de l’investissement, la promotion des exportations et la maîtrise de la facture énergétique — un triptyque décisif pour restaurer la stabilité macroéconomique du pays.
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Imam chroniqueur
Babacar Diop













