ZONA : LA MENACE SILENCIEUSE D’UN VIRUS OUBLIÉ

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ZONA : LA MENACE SILENCIEUSE D’UN VIRUS OUBLIÉ

Ce virus hérité de l’enfance frappe aujourd’hui les plus vulnérables. Comprendre pour mieux prévenir.

📍 Dakar, 20 juin 2025 – Il agit en silence, se cache dans le corps pendant des années, puis se réveille brutalement. Le zona, aussi appelé herpès zoster, revient en force dans les statistiques de santé publique, frappant des milliers de personnes chaque année, particulièrement les plus de 60 ans. Longtemps perçu comme une affection bénigne, ce virus latent est en réalité une source majeure de douleurs chroniques, de complications médicales, et parfois de handicaps durables.

🧬 Un virus qui ne meurt jamais

Le zona est causé par la réactivation du virus varicelle-zona (VZV), le même qui donne la varicelle. Une fois cette première infection passée – souvent dans l’enfance –, le virus ne quitte pas le corps. Il s’endort dans les ganglions nerveux et peut rester latent pendant plusieurs décennies.

Mais une baisse du système immunitaire, liée au stress, à l’âge, ou à une maladie chronique, peut provoquer son réveil. Le virus se manifeste alors sous la forme de douleurs intenses, de picotements, suivis d’une éruption vésiculeuse localisée.

« Le zona est la face neurologique d’une infection infantile souvent oubliée. Et pourtant, ses conséquences peuvent être lourdes, surtout lorsqu’on le banalise », alerte le Pr Jean-Daniel Lelièvre, infectiologue au CHU Henri-Mondor (France).

📊 Un mal en progression dans les chiffres

Selon Santé publique France, près de 250 000 cas de zona sont recensés chaque année. Et avec le vieillissement de la population, ce chiffre est appelé à augmenter de 20 à 30 % d’ici 2030, selon les projections de l’INSEE.

En Afrique de l’Ouest, où les systèmes de surveillance sont encore incomplets, les professionnels de santé alertent sur une hausse silencieuse des cas, souvent non diagnostiqués ou mal pris en charge, notamment chez les personnes âgées et les patients vivant avec le VIH.

« On estime que 1 personne sur 3 développera un zona dans sa vie », rappelle le dernier rapport épidémiologique.

⚠️ Douleurs persistantes, formes graves : un risque réel

Si l’éruption cutanée du zona disparaît en quelques jours, la douleur peut, elle, persister pendant des mois voire des années. Cette douleur chronique porte un nom : névralgie post-zostérienne (NPZ). Elle touche près de 30 % des patients après 70 ans.

Le zona peut aussi provoquer :

Des atteintes ophtalmiques graves, avec risque de perte de la vue ;

Des formes disséminées chez les immunodéprimés ;

De rares atteintes neurologiques centrales (encéphalite, méningite, etc.).

« Plus l’âge est avancé, plus le zona devient dangereux. Il ne s’agit pas d’un simple bouton de peau », insiste le Dr Sophie Meynard, virologue à Lyon.

💊 Le traitement : chaque heure compte

Le traitement antiviral (valaciclovir, famciclovir ou aciclovir) doit être administré dans les 72 heures après l’apparition des premiers symptômes. Plus on attend, plus le risque de complications augmente.

Le traitement est souvent accompagné :

D’antalgiques pour soulager la douleur ;

De co-analgésiques en cas de douleurs persistantes (prégabaline, amitriptyline) ;

D’un traitement local des lésions ;

D’une consultation urgente si les yeux sont touchés.

Dans les formes graves, une hospitalisation est indispensable, surtout chez les personnes âgées, diabétiques ou immunodéprimées.

💉 La révolution vaccinale : Shingrix change la donne

Longtemps, la vaccination contre le zona a été limitée par l’inefficacité partielle du vaccin vivant atténué Zostavax. Mais depuis 2023, un nouveau vaccin fait la différence : Shingrix.

Il est non vivant, donc sans risque pour les immunodéprimés ;

Son efficacité dépasse 90 %, y compris chez les plus de 80 ans ;

Il est administré en deux doses, espacées de 2 à 6 mois ;

Il est recommandé et remboursé pour :

Tous les adultes de 65 ans et plus ;

Les patients immunodéprimés dès 18 ans ;

Ceux ayant déjà eu un zona.

« Même à 80 ans, Shingrix offre une protection de plus de 85 %. C’est une avancée majeure », affirme le Pr Odile Launay, membre du Comité technique des vaccinations.

Les pays qui l’ont adopté constatent une réduction de 50 à 70 % des cas graves de zona, selon l’ECDC (2024).

🧠 Une approche globale : traiter le corps et l’esprit

Pour les patients souffrant de douleurs chroniques post-zostériennes, la médecine conventionnelle n’est parfois pas suffisante. De plus en plus de centres proposent :

L’hypnose, la TENS (neurostimulation), ou l’acupuncture ;

Un accompagnement psychologique en cas de douleur rebelle ;

Des séances de rééducation sensorielle pour réapprendre à “toucher sans douleur”.

« Le zona ne peut plus être vu comme une simple infection. C’est un défi multidimensionnel, entre neurologie, virologie, et santé publique », soutient le Dr Émilie Guérin, spécialiste de la douleur.

🔭 Perspectives 2025 : prévenir, anticiper, guérir

Les recherches continuent à explorer :

Le rôle du microbiote dans la réactivation du virus ;

Des tests sanguins prédictifs pour identifier les personnes à risque ;

De nouvelles stratégies vaccinales personnalisées, notamment pour les seniors.

L’INSERM estime qu’avec une bonne couverture vaccinale et une meilleure information du public, la charge sociale et médicale du zona pourrait baisser de 60 % d’ici 2030.


✅ À retenir pour le grand public

✔️ Le zona est une réactivation du virus de la varicelle.
✔️ Il touche surtout les personnes âgées ou immunodéprimées.
✔️ Il peut provoquer des douleurs chroniques sévères.
✔️ Un traitement antiviral est efficace s’il est pris dans les 72h.
✔️ Le vaccin Shingrix est hautement recommandé dès 65 ans.
✔️ Une prise en charge pluridisciplinaire est souvent nécessaire pour les cas graves.

🖊️ Par Imam chroniqueur Babacar Diop – Dunia News

Catégorie : Santé / Prévention / Société
Source : CHU Henri-Mondor, CNR des Herpèsvirus, Santé publique France, INSERM, ECDC, COVARS
Date : 20 juin 2025

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