À La Haye, une marée humaine de 150 000 personnes réclame justice pour Gaza

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À La Haye, une marée humaine de 150 000 personnes réclame justice pour Gaza

Ce dimanche, les rues de La Haye ont été envahies par une foule impressionnante estimée à environ 150 000 personnes, venues exprimer leur indignation face à ce qu’elles qualifient de génocide en cours dans la bande de Gaza. Drapés de rouge, les manifestants ont formé une “ligne rouge” symbolique, s’étirant jusqu’à la Cour internationale de justice (CIJ), cœur symbolique du droit international.

La manifestation, l’une des plus importantes aux Pays-Bas depuis deux décennies, a été organisée par plusieurs ONG internationales, parmi lesquelles Amnesty International et Oxfam, rejointes par des collectifs citoyens, des associations étudiantes, des syndicats et des groupes religieux. Ensemble, ils ont appelé à une action urgente de la part du gouvernement néerlandais et de la communauté internationale.

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Des pancartes percutantes comme « Ne détournez pas le regard, faites quelque chose », « Silence quand les enfants dorment, pas quand ils meurent » ou encore « Stop à la complicité néerlandaise » ont marqué les esprits. Les slogans scandés en boucle, notamment « Stop au génocide ! », ont résonné dans les rues, alors qu’un vaste parc du centre-ville, d’une capacité de 100 000 personnes, peinait à contenir la foule.

Le ton des organisateurs était sans appel :

« Les habitants de Gaza ne peuvent pas attendre. Les Pays-Bas ont le devoir moral et juridique de tout mettre en œuvre pour faire cesser le bain de sang. »

Cette démonstration de solidarité intervient dans un contexte politique tendu aux Pays-Bas. Depuis le retrait, le 3 juin dernier, d’un parti d’extrême droite de la coalition gouvernementale, l’exécutif est fragilisé et fait face à une pression croissante, tant sur le plan intérieur qu’international.

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Parmi les participants, la voix de Dodo Van Der Sluis, 67 ans, retraitée néerlandaise, s’est distinguée par sa sincérité :

« Je suis ici parce que je pense que c’est peut-être la seule chose qu’on peut encore faire en tant que citoyens. Mais c’est une chose que nous devons faire. »

Ce n’est pas la première mobilisation d’envergure à La Haye. Une précédente marche, organisée le 18 mai, avait déjà réuni plus de 100 000 personnes. Les organisateurs affirment que la mobilisation actuelle dépasse tous les précédents records de participation aux Pays-Bas en vingt ans.

Contexte du conflit

Cette mobilisation citoyenne s’inscrit dans une situation régionale particulièrement tendue. Après une trêve de deux mois, l’armée israélienne a relancé, à la mi-mars, son offensive militaire sur Gaza. Celle-ci s’est intensifiée à partir du 17 mai, avec pour objectifs déclarés : éliminer le Hamas, libérer les otages détenus et reprendre le contrôle du territoire.

Cette guerre fait suite à l’attaque meurtrière menée par le Hamas le 7 octobre 2023, qui a coûté la vie à 1 218 Israéliens, en majorité des civils, selon les chiffres de l’AFP. En représailles, les bombardements israéliens ont causé la mort de plus de 54 600 Palestiniens, dont une majorité écrasante de civils, selon le ministère de la Santé de Gaza – des chiffres jugés fiables par les Nations Unies.

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En janvier 2024, la Cour internationale de justice avait déjà exhorté Israël à prévenir tout acte de génocide. Plus récemment, en mai 2025, le chef des opérations humanitaires des Nations Unies appelait les dirigeants du monde à agir de toute urgence pour éviter une catastrophe irréversible.

Une pression croissante sur les gouvernements

La mobilisation croissante de la société civile dans plusieurs pays européens, notamment aux Pays-Bas, traduit un profond malaise face à l’inaction des gouvernements occidentaux. Le mouvement citoyen néerlandais espère que cette démonstration de force contribuera à redéfinir les priorités diplomatiques et humanitaires de leur pays, et à interpeller les décideurs internationaux.

La question reste désormais posée : cette mobilisation sans précédent sera-t-elle entendue au sommet de l’État néerlandais, et au-delà, dans les chancelleries du monde entier ? Le temps presse, et pour de nombreux manifestants, il ne s’agit plus seulement d’une question de politique, mais d’humanité.

Imam chroniqueur Babacar Diop

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