À Mbacké, « le puits des chrétiens » incarne la cohabitation pacifique entre musulmans et catholiques

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Dans le quartier Mbacké Khéwar, un lieu chargé d’histoire incarne à lui seul le vivre-ensemble entre communautés religieuses : « Teenu Ndiago », littéralement « le puits des chrétiens ». Ce site, devenu un monument, rappelle le lien fort entre les habitants de confession musulmane et chrétienne dans une ville pourtant emblématique du Mouridisme.

À Mbacké, « le puits des chrétiens » incarne la cohabitation pacifique entre musulmans et catholiques

Situé à proximité des ateliers de menuiserie du quartier, ce puits aujourd’hui transformé en mémorial coloré de jaune et noir, est un point de repère historique. Jadis, il fournissait de l’eau aux résidents et aux clients d’un bar dirigé par Ambroise Mendy, un catholique respecté de la localité. Le site porte encore les traces de cette coexistence harmonieuse, comme en témoigne la cohabitation paisible entre les résidents musulmans majoritaires et la minorité chrétienne.

Pour Ndèye Guèye, native du quartier, « Teenu Ndiago » est bien plus qu’un ancien point d’eau : il symbolise le dialogue interreligieux qui caractérise Mbacké. « Nous vivons en harmonie totale. Ici, les musulmans et les chrétiens sont comme une famille », confie-t-elle. Elle évoque même les liens d’homonymie qui l’unissent à des membres de la communauté chrétienne, preuve d’un respect mutuel bien ancré.

Pierre Ambroise Mendy, petit-fils du défunt Ambroise Mendy, partage cet héritage d’unité. Il se souvient du lien particulier qu’entretenaient les chrétiens de Mbacké avec Serigne Fallou Mbacké, deuxième khalife général des mourides. Une relation si forte qu’ils le surnommaient affectueusement « Ndiago Serigne Fallou ». « Nous sommes régulièrement invités aux thiant, et nous convions nos voisins musulmans à nos célébrations religieuses », affirme-t-il, insistant sur la réciprocité des échanges.

Un symbole fort de cette tolérance religieuse se trouve également dans la proximité géographique entre les lieux de culte : une église dont la mosquée se dresse juste derrière. Malgré les différences de pratiques chants religieux, tambours ou veillées nocturnes les habitants apprennent à coexister dans le respect des convictions de chacun.

La célébration des fêtes religieuses en commun est une autre illustration de cette entente. Tabaski, Korité, Noël ou Pâques sont autant d’occasions pour les deux communautés de partager des moments de convivialité.

Le prêtre Philippe Mbengue, se remémorant une rencontre marquante avec le khalife général des mourides Serigne Mountakha Mbacké, rapporte ces mots : « Écoute, nous nous occupons de la religion. Donc, occupons-nous de ce dont nous nous occupons ». Pour lui, cette phrase incarne la posture de neutralité politique prônée par les chefs religieux, musulmans comme chrétiens, soucieux de préserver la paix sociale.

À Mbacké, au-delà des appartenances confessionnelles, l’essentiel semble être ailleurs : dans le respect, la tolérance, et le sens du vivre-ensemble. « Teenu Ndiago » en reste aujourd’hui le témoignage silencieux mais éloquent.

Par imam chroniqueur Babacar Dio

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