
Alors que le monde célèbre ce 3 mai la Journée mondiale de la liberté de la presse sous le thème « Informer dans un monde nouveau – L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias », le continent africain, lui, fait face à des défis bien plus fondamentaux : la survie même du journalisme indépendant.

Un recul alarmant de la liberté de la presse en Afrique
Le dernier classement 2025 de Reporters sans frontières (RSF) envoie un signal d’alarme : dans de nombreux pays africains, la liberté de la presse régresse sous le poids de la répression politique, de l’instabilité sécuritaire et de la fragilité économique. La République démocratique du Congo, par exemple, connaît une montée en flèche des atteintes à la liberté d’informer. RSF y dénonce un climat « toxique », où les journalistes sont régulièrement menacés, agressés ou contraints au silence.
Dans la région du Sahel, la situation est encore plus dramatique. Au Mali, au Burkina Faso ou au Niger, les régimes militaires imposent une chape de plomb sur les médias. Les fermetures de rédactions se multiplient, les journalistes s’exilent, et l’accès à une information fiable devient un luxe. Dans ces pays, le silence devient une stratégie de pouvoir.
L’économie des médias, talon d’Achille de l’indépendance
Autre fléau : la précarité économique des médias africains. Dans plus de 80 % des pays du continent, les scores économiques de la liberté de la presse sont en chute libre, selon l’indice 2025 de RSF. Faute de moyens, de nombreuses rédactions réduisent leur couverture, s’autocensurent, ou tombent sous l’influence de bailleurs politiques peu soucieux de pluralisme. Résultat : l’indépendance éditoriale s’effondre, et un « journalisme de survie » prend sa place, souvent biaisé, parfois instrumentalisé.
Urgence d’agir : protéger l’information pour sauver la démocratie
Dans ce contexte, l’appel lancé par RSF est sans équivoque : il faut reconstruire l’écosystème médiatique africain avant qu’il ne s’effondre définitivement. Cela passe par un soutien structurel aux médias indépendants, une protection renforcée des journalistes, et une volonté politique claire de garantir la liberté d’informer.
Car sans presse libre, l’Afrique perd sa boussole démocratique. Et face aux bouleversements technologiques mondiaux, ce n’est qu’en consolidant ses bases que le continent pourra entrer pleinement dans l’ère de l’intelligence artificielle sans sacrifier la vérité.