
Le directeur de la chaîne Sunugal 24, Aliou Top, a été arrêté ce jeudi par la Direction spéciale de la cybercriminalité (Dsc). Il est désormais poursuivi pour des faits graves : diffusion de fausses nouvelles, discours incitant à la discrimination ethnique, diffamation envers un groupe de personnes en raison de leur origine, et propagation de propos contraires aux bonnes mœurs. Cette arrestation fait suite à une plainte collective déposée par plusieurs organisations sociales et des citoyens préoccupés par les conséquences de ses propos sur la cohésion sociale.
L’affaire remonte à janvier 2025, lorsqu’Aliou Top a fait des déclarations controversées lors d’une émission télévisée. Selon lui, un projet politique sous-régional, orchestré par des Hal Pulaar, viserait à instaurer une domination politique dans plusieurs pays de la région, notamment le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, et les deux Guinée. Ces propos ont provoqué un véritable tollé, tant sur le plan politique que social, suscitant des critiques sévères de la part de certaines personnalités politiques et de groupes communautaires, qui y ont vu une menace à l’unité nationale.
Lors de son interrogatoire, le journaliste a affirmé que ses déclarations étaient basées sur des informations qu’il aurait reçues de la part d’une autorité politique sénégalaise, dont il a choisi de garder l’identité secrète. Il a cependant reconnu avoir commis une erreur en diffusant ces informations sans en vérifier la véracité. Par ailleurs, Aliou Top a présenté ses excuses publiques concernant des propos erronés qu’il avait tenus sur le financement de la chaîne “Fulbé”, qu’il avait faussement attribué à la France.
Les accusations contre le journaliste ont été confirmées par la Dsc, qui considère ces déclarations comme une menace à la paix sociale. Les autorités sénégalaises ont souligné que de telles affirmations, surtout lorsqu’elles sont diffusées au large public, peuvent attiser des tensions ethniques et nuire au vivre-ensemble dans une région déjà fragile sur le plan politique et social.
La décision de juger Aliou Top en flagrant délit a été prise par le tribunal compétent, et l’audience est fixée pour mercredi prochain. Cette arrestation met en lumière la problématique de la régulation des médias et des discours publics dans un pays où la liberté d’expression est souvent au cœur des débats. Pour les défenseurs des droits de l’homme, cette affaire pose la question du juste équilibre entre liberté d’expression et responsabilité dans le traitement de l’information.
Le procès d’Aliou Top pourrait avoir des conséquences significatives pour le journalisme sénégalais. Si certains plaident que sa liberté d’expression doit être protégée, d’autres estiment que les journalistes ont un devoir de véracité et de rigueur dans la diffusion d’informations, surtout lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles.
Le procureur a, de son côté, insisté sur l’importance de réprimer toute forme de discours de haine et de discrimination, rappelant que ces actes vont à l’encontre des principes d’unité et de fraternité inscrits dans la Constitution sénégalaise.
Le cas d’Aliou Top suscite également une large réflexion sur le rôle des médias dans la société sénégalaise, à l’heure où les informations circulent rapidement via les réseaux sociaux et autres plateformes de diffusion publique. Plusieurs experts en communication ont exprimé leurs préoccupations sur la prolifération de fausses informations et sur la manière dont les journalistes doivent naviguer dans un environnement médiatique de plus en plus complexe.
Les avocats d’Aliou Top, quant à eux, ont annoncé qu’ils plaideraient la relaxe de leur client, soulignant que celui-ci n’avait fait que rapporter des informations dont la véracité n’était pas établie à l’époque de la diffusion. Ils insistent également sur le droit fondamental à la liberté d’expression et sur la nécessité de protéger la presse face à toute tentative d’intimidation.
L’affaire, qui a pris une ampleur nationale, continuera sans doute de nourrir les débats dans les jours à venir. La société civile, les organisations de défense des droits humains et les professionnels des médias suivront de près ce procès, car il pourrait marquer un précédent en matière de régulation des discours publics et de la liberté de la presse au Sénégal. Les observations sur la responsabilité des journalistes dans un contexte de pluralisme et de liberté d’expression seront probablement au centre des discussions, dans un pays où le pluralisme médiatique est l’un des piliers fondamentaux de la démocratie.
Dans un contexte régional de tensions politiques et sociales, l’arrestation d’Aliou Top pourrait également alimenter les critiques de la presse sénégalaise, sur la manière dont les autorités gèrent les relations entre la politique et les médias. Le procès, prévu pour mercredi, s’annonce donc comme un moment crucial pour l’avenir du journalisme indépendant au Sénégal, et pourrait avoir des répercussions au-delà des frontières nationales, notamment dans les pays voisins de la région ouest-africaine.
Imam chroniqueur Babacar DIOP