Au Japon, Sanae Takaichi, la « Trump du Pacifique », prône un retour à la puissance militaire

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Au Japon, Sanae Takaichi, la « Trump du Pacifique », prône un retour à la puissance militaire

Nationaliste convaincue et proche de l’ancien Premier ministre Shinzō Abe, Sanae Takaichi veut rompre avec le pacifisme historique du Japon. En prônant la révision de la Constitution et le réarmement du pays, cette figure de la droite dure symbolise un tournant identitaire et stratégique majeur, dont l’impact dépasse largement les frontières nippones.

Pendant près de huit décennies, le Japon s’était tenu à distance des démonstrations de force. Marqué à jamais par Hiroshima et Nagasaki, le pays avait fait du pacifisme un pilier de son identité d’après-guerre. Mais ce dogme vacille. Dans un contexte de tensions croissantes en Asie, une femme s’impose au cœur du débat : Sanae Takaichi, 63 ans, ministre de la politique économique et technologique, et héritière politique autoproclamée de Shinzō Abe.

Ses partisans la surnomment « la Trump du Pacifique » une comparaison qui dit tout de son ton direct, de sa posture souverainiste et de sa volonté d’en finir avec la retenue diplomatique.
Takaichi plaide pour la révision de l’article 9 de la Constitution japonaise, qui interdit toute armée offensive. À ses yeux, il est temps pour le Japon de redevenir une puissance militaire à part entière :

« Nous ne pouvons plus nous cacher derrière un pacifisme de façade », a-t-elle déclaré récemment.

Son discours tranche avec la tradition prudente du Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir presque sans interruption depuis 1955. Elle séduit une frange grandissante de l’opinion, lassée de voir Tokyo dépendre du parapluie militaire des États-Unis d’Amérique face aux ambitions régionales de la Chine et aux provocations nord-coréennes.

Sur le plan sociétal, Takaichi incarne une droite identitaire et conservatrice. Opposée au mariage homosexuel, favorable au maintien du rôle symbolique de l’empereur, elle se présente comme la défenseure des « valeurs japonaises éternelles ».
Mais ses positions sur la mémoire du Japon impérial restent controversées. Ses visites au sanctuaire Yasukuni, où sont honorés des criminels de guerre, irritent Pékin et Séoul.
Pour ses partisans, ces gestes sont un acte de fidélité patriotique. Pour ses détracteurs, ils réveillent les blessures les plus sombres de l’histoire nippone.

La perspective de voir une dirigeante aussi nationaliste prendre la tête du gouvernement divise le PLD et inquiète les chancelleries étrangères.
Les États-Unis d’Amérique, allié militaire majeur de Tokyo, observent la situation avec prudence. Le renforcement de l’armée japonaise sert leurs intérêts stratégiques face à Pékin, mais une autonomie trop affirmée pourrait rebattre les cartes de la sécurité régionale.
En interne, les centristes redoutent qu’un virage trop radical ne brise la fragile coalition gouvernementale.

Pour le continent africain, ce virage n’est pas anodin. Le Japon, partenaire économique discret mais constant, pourrait redéfinir sa politique d’aide et d’investissement sous un angle plus stratégique.
Un Japon réarmé et nationaliste chercherait sans doute à renforcer son influence dans les zones de ressources et dans les instances internationales où la voix africaine compte de plus en plus.
Les futures relations nippo-africaines pourraient ainsi basculer d’un partenariat de développement à une coopération géopolitique, où les équilibres de puissance pèseraient davantage que la solidarité.

Sanae Takaichi n’a pas encore conquis le poste de Première ministre, mais elle a déjà gagné une bataille : celle du discours.
En osant remettre en cause le pacifisme fondateur du Japon, elle incarne une mutation profonde celle d’un pays qui, après s’être tu si longtemps, veut à nouveau se faire entendre dans le concert des nations.
Reste à savoir si cette voix, forte et décomplexée, portera la promesse d’un renouveau… ou l’ombre d’un passé que l’Asie n’a pas oublié.

Celine Dou

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