Bénin : la CENA exclut le duo des “Démocrates”, l’opposition dénonce un scrutin verrouillé

Par Imam chroniqueur Babacar Diop
La Commission électorale nationale autonome (CENA) du Bénin a officiellement validé, ce jeudi, deux candidatures pour la présidentielle prévue en avril 2026. Trois autres dossiers ont été rejetés, dont celui du principal parti d’opposition, Les Démocrates, pour défaut de parrainages, une décision qui ravive les tensions dans un climat préélectoral déjà crispé.
Deux candidatures validées, trois rejetées
Selon le communiqué de la CENA, relayé par Sud Quotidien, les duos retenus sont ceux de Romuald Wadagni – Mariam Chabi Talata et de Paul Hounkpè – Rock Judicaël Hounwanou. Ces dossiers ont été jugés « complets et conformes » aux exigences légales.
Romuald Wadagni, ancien ministre de l’Économie et des Finances, est soutenu par la mouvance présidentielle, tandis que Paul Hounkpè représente une autre composante politique modérée.
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L’opposition évincée pour un seul parrainage manquant
Le binôme du parti Les Démocrates, formé par Vignilé Renaud Léandre N’doufou Agbodjo et Jude Bonaventure Lodjou, n’a pas franchi la barre légale des 28 parrainages. La CENA évoque un total de 27 soutiens valides, après l’invalidation du parrainage du député Michel François Oloutoyé Sodjinou.
Un détail administratif qui prive ainsi le principal parti d’opposition de participation à la course présidentielle, suscitant des inquiétudes quant à l’équité du processus.
Un climat politique sous tension
Ce rejet intervient alors que plusieurs figures de l’opposition, dont l’ancien président Boni Yayi, ont récemment mis en garde les autorités et les juges de la Cour constitutionnelle, affirmant que « la stabilité du pays est entre leurs mains » et appelant à un scrutin « inclusif et apaisé ».
Pour de nombreux observateurs, cette nouvelle exclusion rappelle les controverses de 2021, lorsque plusieurs candidats de l’opposition avaient été écartés pour les mêmes motifs.
Recours et prochaines étapes
Les candidats dont les dossiers ont été rejetés disposent de 48 heures pour saisir la Cour constitutionnelle. Celle-ci procédera ensuite à une vérification médicale des candidats retenus avant de publier la liste définitive des duos en lice.
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Deux autres candidatures, celles d’Anatole Jackson Prince Ouinsavi – Kaossarath Remilekoun Agathe Bello et d’Élisabeth Agbossaga Jawad – Boni Neto Gansare, ont également été rejetées pour absence de parrainages et de cautionnement financier.
Analyse
Cette décision de la CENA illustre une nouvelle fois la fragilité de la compétition démocratique au Bénin, souvent cité comme modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest.
Pour le politologue béninois Expédit Ologou, « la question des parrainages reste un instrument de filtrage politique qui, sous couvert de légalité, réduit la pluralité démocratique » (Revue Politique Africaine, n°160, 2024, p. 45).
De son côté, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne rappelait que « la démocratie n’est pas seulement la tenue d’élections, mais la possibilité pour toutes les voix de se faire entendre dans le respect de la justice et de la transparence » (En quête d’Afrique(s), Albin Michel, 2018, p. 103).
Conclusion
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À mesure que s’approche l’échéance électorale d’avril 2026, la scène politique béninoise semble s’enliser dans une crise de confiance. Entre procédures techniques et accusations de verrouillage politique, l’enjeu pour les institutions demeure celui de préserver la crédibilité d’un processus électoral qui doit, selon les mots de Boni Yayi, « renforcer la nation plutôt que la diviser ».
Imam chroniqueur
Babacar Diop













