Depuis trois jours, les populations des localités de Moulvoudaye et Kalfou dans le département du Mayo- Kani, région de l’Extreme nord se regardent en chien de faïence. En cause un affrontement survenu entre eux le weekend dernier, et rapidement contenu par les forces de l’ordre.
Pour prévenir une nouvelle escalade, le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari, a lancé une série de concertations dans ses bureaux à Maroua. Il a déjà reçu les autorités traditionnelles des deux localités. Ce 10 avril, ce sera au tour des responsables des marchés à bétail de Moulvoudaye et de Kalfou d’être auditionnés. Une rencontre qui s’annonce électrique, tant les positions semblent irréconciliables.
À l’origine de la discorde : la création d’un marché à bétail à Kalfou, à seulement 17 kilomètres de Moulvoudaye. Jusqu’alors, les commerçants en provenance du Tchad ravitaillaient le marché de Moulvoudaye chaque vendredi. Mais ces derniers ont commencé à dénoncer les conditions d’insécurité et les multiples tracasseries qu’ils subissaient, comme le confirme un haut responsable de l’Association nationale des commerçants à bétail du Cameroun (Ancbc), sous couvert d’anonymat.
« Les commerçants tchadiens ont obtenu qu’un marché s’ouvre à Kalfou, le même jour que celui de Moulvoudaye, pour éviter de faire la route jusqu’à là-bas », indique-t-il. Depuis, le marché de Kalfou se tient lui aussi chaque vendredi, provoquant la colère des acteurs économiques de Moulvoudaye.
Dans une correspondance adressée au gouverneur, l’Association des ressortissants et sympathisants de l’arrondissement de Moulvoudaye (Arsam) dénonce ce qu’elle qualifie de « comportement malsain de nos voisins et frère peuple de l’arrondissement de Kalfou, qui ont intentionnellement décidé de mettre à mal l’économie de notre arrondissement ».
Face à cette accusation, les responsables du marché de Kalfou campent sur leur position. « Nous n’avons aucune intention de fermer notre marché ni de changer de jour pour faire plaisir à Moulvoudaye », affirment-ils. Une posture qu’ils comptent bien défendre devant le gouverneur.
De leur côté, les responsables du marché de Moulvoudaye, soutenus par l’élite locale, exigent la fermeture du marché de Kalfou ou, à défaut, son déplacement à un autre jour de la semaine. Une exigence difficilement acceptable pour leurs homologues de Kalfou.
En parallèle, le gouverneur prévoit aussi de rencontrer les commerçants tchadiens concernés. Selon notre source à l’Ancbc, ces derniers restent catégoriques : « Ils ne veulent plus retourner à Moulvoudaye ».